Depuis un certain temps, le général Abdourahamane Tiani, à la tête du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et désormais chef de l’État, fait face à des tensions grandissantes. Ses alliés, notamment une partie importante de la société civile et une frange non négligeable de la population, l’exhortent à prendre des mesures sévères contre les hauts dignitaires du régime déchu, et tout particulièrement contre l’ancien président Mahamadou Issoufou
Dans un mouvement interprété comme une concession à ces pressions, le général Tiani a orchestré l’arrestation de plusieurs têtes couronnées de la Renaissance, dont l’ex ministre de l’Intérieur Hamadou Adamou Souley, transféré à la prison de Kollo, Ahmet Jidoud, ancien ministre des Finances, qui a pris la direction de la prison civile de Say, Foumakoye Gado, président du PNDS-Tarayya détenu à la prison civile de Niamey, Sani Mahamadou Issoufou, dit Abba Issoufou, ancien ministre du Pétrole et fils de Mahamadou Issoufou, qui a été placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison de Filingué, Rabiou Abdou, ancien ministre du Plan, transféré à la prison civile de Birni N’Gaouré etc, Ces anciennes figures de l’ancien régime poursuivies par la justice militaire pour trahison et complot contre la sûreté de l’Etat présumés pour certains, risquent la prison à vie.
Les ramifications d’une potentielle arrestation d’Issoufou Mahamadou
La population s’interroge cependant sur la nécessité d’aller plus loin, se focalisant particulièrement sur l’ex- chef de l’Etat. La question sur toutes les lèvres est la suivante : Tiani ira-t-il jusqu’à arrêter l’ex-président Issoufou lui-même ? Si cela devait se produire, ce serait indubitablement un geste destiné à plaire à une partie de ses soutiens circonstanciés, surtout ceux qui sont venus le rejoindre après le coup. Cependant, une telle décision ne serait pas sans conséquences. Elle risquerait d’ouvrir un nouveau front interne potentiellement lourd de menaces pour la junte – Issoufou a toujours de puissants alliés et des ressources conséquentes – déjà que les tensions sont sont très vivesenconre avec la CEDEAO et la France.
Si Tiani n’arrête pas l’ex président Mahamadou Issoufou
Néanmoins, si Tiani choisissait de ne pas arrêter Issoufou, cela pourrait générer des dissensions au sein même du CNSP. Des officiers opposés au parti PNDS-Tarayya pourraient voir d’un mauvais œil une telle décision. La réticence de Tiani à sévir contre Issoufou pourrait également aliéner une portion de la société civile et inverser l’opinion publique contre lui, minant ainsi sa position au sein du CNSP.
La “trahison” comme issue ?
Au vu des circonstances, la situation actuelle semble précaire pour Tiani. Plus le temps passe, plus il lui est nécessaire de définir clairement sa position vis-à-vis de Mahamadou Issoufou. Ce dernier, ayant déjà démontré par le passé qu’il pouvait se montrer versatile, notamment en ce qui concerne ses allégeances, pourrait bien trahir Tiani si ce dernier venait à lui montrer le moindre signe de faiblesse. Par conséquent, la stratégie la plus avisée pour Tiani, bien qu’elle puisse sembler radicale, serait de prendre les devants. Trahir Issoufou Mahamadou avant que ce dernier n’en ait l’occasion pourrait bien être la meilleure façon pour Tiani de sécuriser sa position et de répondre aux attentes d’une partie significative de la population. Mais le veut-il ? Et le peut-il ? Toute la question est là ! n