Le vent du changement : un coup d’État applaudi
Il y a deux mois, un vent de changement soufflait sur le Niger. Le coup d’État orchestré par le CNSP le 26 juillet 2023, mettant fin au régime de Bazoum Mohamed, avait été accueilli avec enthousiasme par une population fatiguée. En effet, le régime déchu – La Renaissance -incarnait ce que les Nigériens ne pouvaient plus tolérer : corruption, impunité, dégradation des services publics, exploitation effrontée des ressources publiques, une insécurité croissante, etc.
Des espoirs rapidement douchés
Cependant, cet espoir s’est rapidement dissipé. Le CNSP, surfant sur une vague de sentiments anti-français pour avoir le soutien populaire et consolider sa légitimité, semble s’être égaré dans un labyrinthe de défis inédits. Milan Kundera, le célèbre écrivain, dans sa sagesse, a un jour déclaré que “l’homme est celui qui avance dans le brouillard”. Cette image illustre parfaitement la gouvernance actuelle : Tiani et ses compagnons semblent évoluer dans le brouillard, semblent naviguer à vue tandis que le Niger patiente encore, espérant des jours meilleurs.
Un bilan contrasté
Si l’on devait établir un état des lieux de ces deux mois, le bilan serait assurément maigre. Des mots aux actes, le fossé n’a jamais semblé aussi grand. La lutte antiterroriste ? Un fiasco marqué par un bilan macabre de presque 69 morts en 69 jours. La maîtrise du coût de la vie ? Une autre désillusion. Les efforts déployés pour y pallier apparaissent vains. L’électricité ? Les coupures persistent, sapant une économie déjà chancelante. Le dialogue national, tant promis, s’enlise. Après plus de deux mois passés au pouvoir, Il n’y a pas un seul secteur social dans lequel on puisse distinguer une réussite significative du CNSP et son gouvernement. Le bilan apparaît en demi-teinte, presque effacée.
Les racines du malaise
Les causes de cette morosité politique sont multiples, mais deux facteurs ressortent avec insistance : un manque flagrant de vision à long terme et une équipe gouvernementale sans envergure. Le CNSP n’a pas réussi à définir un cap précis, laissant le gouvernement naviguer sans boussole.
Appel à l’action : vers un réveil nécessaire
Face à cette impasse, Tiani et son équipe doivent impérativement prendre des mesures pour renverser la tendance et redonner un nouvel élan à leur pouvoir. Pour cela, ils doivent tracer des perspectives claires, construire une nouvelle architecture gouvernementale qui reflète leur vision et leurs priorités afin de s’attaquer avec vigueur aux multiples crises sociale, économique et sécuritaire du pays. Les Nigériens, fatigués, ne demandent pas de miracles, mais des changements tangibles et positifs qui améliorent leur quotidien.
Le CNSP se trouve donc à la croisée des chemins. La légitimité n’est pas un chèque en blanc. Il est temps pour la junte au pouvoir de prouver qu’elle est à la hauteur des défis et des aspirations du peuple.