Le Premier Vice-Président du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey, Boubacar Ibrahim, a présidé ce lundi 20 mars la cérémonie d’ouverture de la 3ème session de la Chambre criminelle dudit tribunal au titre de l’année 2023. Dix jours durant, du 20 au 31 mars, 31 dossiers portant sur des infractions diverses seront jugés, et notamment celui dit de la crise postélectorale de 2021 dans lequel le Général à la retraite Moumouni Boureima, Saidou Tahirou Mayaki, président de la Coordination régionale Lumana de Tillabéri, et Djibrilla Baré Maïnassara, candidat au premier tour à la présidentielle qui avait soutenu Mahamane Ousmane par la suite, “inculpé pour diffusion de données pouvant troubler l’ordre public’’ mais laissé en liberté provisoire”, sont cités. Ce dossier est appelé à être jugé ce vendredi 24 mars.
Pour rappel, peu après l’annonce par la CENI, le 23 février 2021, des résultats provisoires de la présidentielle donnant la victoire à Mohamed Bazoum, des manifestations ont éclaté dans la rue à Niamey : plusieurs pillages et destructions de biens publics et privés seront commis. Ces troubles se sont poursuivis pendant deux jours, faisant deux morts et plusieurs blessés, selon les autorités. Plusieurs centaines de personnes seront arrêtées dont des leaders politiques tels que Hama Amadou, Seydou Tahirou Mayaki, le Général Moumouni Boureima et Djibril Baré. Ce 24 mars, Moumouni Boureima, 71 ans, accusé d’être l’un des “meneurs” des troubles à Niamey, interpellé le 24 février 2021 et remis en liberté début mars 2023, sera-t-il seul à la barre ? Ou bien va-t-il comparaître en compagnie de Tahirou Mayaki, 78 ans, et Djibril Baré, 66 ans, l’un ayant bénéficié d’une mesure de liberté provisoire et l’autre n’ayant jamais été placé sous mandat de dépôt ? Du côté de la partie civile, ce sont 120 personnes qui sont citées à la barre.
Il faut noter que ces assises criminelles seront menées par des magistrats professionnels qui auront à leurs côtés des jurés (titulaires et suppléants) qui sont des citoyens tirés au sort sur des listes électorales par la Mairie. Ces jurés doivent respecter un certain nombre de règles et cette fonction n’est pas à prendre à la légère. C’est pourquoi le Président Boubacar Ibrahim a demandé à chacun des jurés, individuellement, de prêter serment en disant : « Je le jure ». Le texte du serment demande aux jurés de notamment examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges portées contre l’accusé, de ne trahir ni ses intérêts, ni ceux de la société qui l’accuse, ni ceux de la victime ; de n’écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection ; de se rappeler que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de se décider d’après les charges et les moyens de défense, suivant leur conscience et leur intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de leurs fonctions.