Suspension précipitée du Niger : une mesure extrême
Après huit jours d’attente depuis sa dernière réunion, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) s’est finalement exprimé ce 22 août sur la situation au Niger. Le CPS a réitéré “sa condamnation sans équivoque du coup d’État militaire” à Niamey et a décidé “de suspendre immédiatement la participation de la République du Niger de toutes les activités de l’Union africaine et de ses organes et institutions jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays”. Une décision brutale qui reflète un mépris patent de la complexité de la crise politique au Niger, en prétendant œuvrer pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Des débats stériles et une absence de consensus
Lors de la réunion du 14 août, les débats ont été intenses. Plus de sept heures durant lesquelles divers intervenants se sont exprimés. Si des pays se sont prononcés en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel, les moyens à mettre en place pour y parvenir ont été discutés avec inquiétude et les mesures prises par la Cedeao ont suscité des interrogations. Mais l’UA dans une passivité déconcertante, a préféré ignorer ces inquiétudes légitimes.
Sanctions disproportionnées : un coup porté à la population
L’absurdité des sanctions imposées par la CEDEAO a été critiquée par plusieurs pays, qui ont justement souligné qu’elles risquent de frapper davantage la population que les acteurs du coup d’Etat. Malheureusement, le CPS, dans une attitude évanescente, n’a fourni aucune parade viable, n’a apporté aucune solution concrète pour éviter un impact négatif des sanctions sur les citoyens nigériens.
L’indécision face à une intervention militaire
L’hypothèse d’une intervention militaire de la CEDEAO a divisé les membres du CPS. Une partie du Conseil estime que l’organisation ouest-africaine devrait s’en tenir à des moyens diplomatiques pour résoudre la crise nigérienne, tandis qu’une autre frange envisage l’option militaire, mais comme une solution de dernier recours. Le CPS a donc décidé de ne pas trancher dans son communiqué du 22 août, tout en se félicitant des décisions prises par la CEDEAO le 30 juillet et le 10 août. Cela témoigne d’un manque flagrant de vision et de stratégie. En choisissant de ne pas trancher et de se limiter à louer les efforts de la CEDEAO, l’UA démontre son incapacité à prendre position de manière ferme contre une intervention armée au Niger.
Médiation : Un théâtre d’illusions ?
Le CPS a demandé à la commission de l’Union africaine “d’entreprendre une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires du déploiement d’une Force en attente au Niger”. Cette évaluation permettra de mesurer les conséquences d’une intervention militaire sur le terrain. Par ailleurs, la commission de l’UA doit nommer un Haut représentant pour encourager les efforts de médiation de la CEDEAO. Ces actions ressemblent plus à des gestes symboliques qu’à des mesures réellement efficaces. Le flou persistant entourant ces décisions soulève des doutes sur leur impact réel.
L’Union Africaine hors-jeu
La prochaine réunion du CPS demeure dans l’expectative. Bien que l’UA prétende soutenir les initiatives de la CEDEAO, elle se garde bien de clarifier sa position quant à une éventuelle intervention militaire, laissant ainsi la situation dans une incertitude préjudiciable.
Les actions et décisions de l’Union Africaine vis-à-vis de la crise politique au Niger, loin d’être constructives, paraissent inadéquates et mal orientées. Entre une suspension radicale du Niger, des sanctions affectant le peuple, et une indécision palpable contre une intervention armée au Niger, l’UA semble privilégier des réactions épidermiques plutôt qu’une stratégie bien réfléchie. Le CPS se doit de repenser radicalement son approche si l’organisation espère apporter une réponse pertinente à la crise nigérienne.
La Rédaction