De la date du coup d’Etat militaire qui a renversé le président Bazoum Mohamed le 26 juillet 2023 à ce jour, il est difficile de déterminer le nombre exact des nouvelles structures de la société civile qui sont créées spontanément, pour soi-disant, soutenir le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte militaire au pouvoir.
Outre les regroupements de structures associatives déjà existantes en vue d’une meilleure coordination des activités de soutien à la junte, chaque jour que Dieu fait, de nouveaux cadres de lutte pour la conquête de la souveraineté du pays ont poussé comme de champignons sauvages, ici et là dans toutes régions du pays.
Il ne s’agit pas de ces marches de soutien et ces meetings organisés dans les quartiers et même des villages, mais de structures associatives ‘’formelles’’ avec de dénominations qui ne sont pas connues sur l’échiquier avant les événements du 26 juillet 2023.
Dans ce contexte de lutte pour l’affirmation de la légitimité de la junte et de l’exigence de départ des forces militaires françaises installées illégalement dans notre pays par le régime déchu, personne ne peut percevoir d’un mauvais œil cette prolifération de nouvelles associations dont la plupart n’ont même pas le récépissé de de la collectivité de leur ressort pour exercer.
C’est une lutte pour la sauvegarde de la patrie, ‘’Labu san’ni no’’, ‘’Zantché kasa né’’, tout le monde est concerné par l’affaire, personne ne doit se mettre en retrait. Mais est-ce que tout le monde le fait de manière désintéressée ? Toute la question est là !
Elle se pose avec acuité à l’occasion des consultations populaires en cours avec les structures associatives, en particulier à Niamey, en prélude à la mise en place du cadre de dialogue national inclusif qui doit déterminer la durée de la transition et les chantiers prioritaires à construire durant cette période.
Le printemps des opportunistes
L’opportunisme n’est pas l’apanage des seuls acteurs politiques. Il a aussi miné profondément la société civile dans son intégralité. La mélodie a changé, les pas de danse ont également changé. A la place de la Résistance devant l’Escadrille militaire, nous avons croisé de nombreux activistes politiques et associatifs irascibles contre toute forme critique du régime déchu.
Ils sont subitement devenus des abonnés de l’espace de mobilisation citoyenne pour crier avec la foule dans l’anonymat le slogan ‘’Saï Tiani’’ dans l’espoir de se refaire une nouvelle virginité et rebondir. Le même état d’esprit est à l’origine de création de cette kyrielle de nouvelles organisations de la société civile dédiée à la lutte pour ‘’la sauvegarde de la patrie’’ prônée par le CNSP. A Niamey, plusieurs centaines de représentants d’organisations associatives se bousculent pour participer aux réunions de concertations en prélude à la création du dialogue inclusif national.
Tout le monde veut se faire entendre –chose impossible- à telle enseigne qu’il leur a été demandé lors de la dernière réunion d’aller élaborer des mémorandums à soumettre à la structure mise en place pour coordonner les activités. Sur plus de mille organisations recensées pour le travail, à la date butoir du dépôt des travaux de réflexion, la moisson était maigre avec moins de 300 dossiers enregistrés officiellement.
Des structures associatives ont bricolé des documents après pour porter le nombre de mémorandum à plus d’un millier le lendemain. Où est le sérieux dans cette affaire ?
En vérité, lorsqu’on analyse cette dynamique en profondeur, elle s’inscrit simplement par une stratégie de positionnement dans les nouvelles instances décisionnelles qui auront à conduire la nouvelle transition. Pas plus ni moins ! Il ne s’agit nullement d’une affaire de conviction par rapport à la défense de la cause, mais de quête de postes pour s’assurer un revenu mensuel sans verser la moindre goutte de la sueur du front. C’est une culture de l’oisiveté et du parasitisme que le régime de la Renaissance a de façon outrance développée et qui doit nécessairement être éradiquée lors de cette nouvelle transition. Qu’on soit acteur politique ou associatif, tout le monde doit avoir un travail rétribué pour ne pas dépendre exclusivement de la politique, qui est un engagement à titre de bénévolat.