Dès l’officialisation de sa composition en début août 2023, les critiques ont commencé à fuser au sein de l’opinion nationale quant à la capacité des femmes et des hommes cooptés dans le gouvernement de transition à faire face efficacement aux nouvelles difficultés auxquelles doit faire face notre pays, consécutives au coup d’Etat du 26 juillet qui a renversé le président Bazoum Mohamed.
Lesquelles difficultés se sont traduites par une interruption systématique de leur coopération par tous les partenaires techniques et financiers (PTF) occidentaux et surtout les sanctions iniques et sauvages de la CEDEAO assorties d’une menace d’intervention militaire dans notre pays pour rétablir par la force l’ordre républicain.
L’absurdité de la volonté de cette communauté internationale hypocrite à rétablir l’ordre constitutionnel réside dans le fait qu’elle tienne coûte coûte à la libération et le rétablissement de Bazoum, le président déchu, dans son fauteuil, ainsi que la réhabilitation de toutes les institutions de la République dissoutes.
Un embargo économique et financier sans commune mesure qui est très durement ressenti par les populations, il faut clairement l’avouer, en raison notamment de la fermeture des frontières du Bénin et du Nigéria, nos deux principales portes d’approvisionnement en denrées alimentaires, produits pharmaceutiques et d’autres biens de consommation courants. Conséquences : l’inflation des prix de tous les produits a percé le plafond, dépassant le seuil de plus de 20% actuellement.
Sans compter la suspension de la fourniture d’énergie électrique à notre pays par le Nigéria, qui a installé les populations de la capitale et d’autres localités du pays dans de délestages interminables de jour comme de nuit.
Mais comme il s’agit d’une lutte pour la véritable souveraineté du pays, qui implique des souffrances à endurer pour y parvenir, les Nigériens supportent stoïquement ces épreuves à eux imposées par les dirigeants de certains pays membres de la CEDEAO, valets locaux du président français Macron, qui tient mordicus au retour de Bazoum au pouvoir. Même au prix d’une mare de sang de Nigériens !
Dans le cadre de la gestion de toutes ces difficultés, il est triste de constater que nombre de ministres civils du gouvernement ne sont pas encore visibles depuis la formation du gouvernement alors qu’ils sont là pour épauler justement les autorités militaires du CNSP à donner une visibilité aux actions qui sont menées. Ce qui n’est pas encore le cas, le porte-parole du CNSP est seul au front pour parler au nom des militaires.
Des ministres silencieux
Les citoyens qui sont debout comme un seul homme derrière le CNSP malgré les souffrances dues aux sanctions veulent être éclairés sur la gestion des départements ministériels sous le règne des renaissants. Il y a actuellement des secteurs -contexte oblige- où les populations veulent savoir exactement où nous en sommes dans la mise en œuvre des projets en cours avant le coup d’Etat et les perspectives. Parmi ces secteurs figurent l’éducation [enseignement supérieur et enseignement préscolaire, primaire et secondaire] de manière générale, le commerce, mais surtout l’énergie et les industries extractives.
Concernant l’académique par exemple, lors de sa première conférence de presse en début septembre, le Premier ministre Lamine Zeine a rassuré que toutes les dispositions sont prises pour une bonne rentrée 2023-2024 à tous les degrés d’enseignement. C’est vague ! Qu’est-ce qui a été concrètement fait en termes de déploiement des ressources humaines et de la logistique [acheminement des fournitures et matériel didactique dans les régions] ? C’est normalement aux ministres des secteurs concernés de sortir pour éclairer la lanterne des citoyens sur ces détails. A moins d’une semaine de l’événement, l’on attend encore.
Le secteur de l’énergie n’est pas en reste. Avant le coup d’Etat du 26 juillet, il y avait dans le pipeline du ministère de l’Energie la mise en exploitation de la centrale solaire de Gorou-Banda II d’une capacité de production de 30 MW qui devait normalement intervenir depuis le 25 août dernier. Lors de l’inauguration officielle des installations techniques, l’on a laissé entendre qu’il restait juste la mise en place du dispositif de transport de l’énergie produite par cette centrale pour sa commercialisation par la Nigelec et la date butoir était le 25 août. Où en sommes-nous présentement monsieur le ministre ? 30MW par ces temps qui courent, c’est important.
Le chantier a-t-il abouti ou a-t-il été bloqué par la France et l’Union européenne qui sont derrière son financement, en raison du coup d’Etat ? Les Nigériens aimeraient bien savoir si l’énergie intermittente dont ils bénéficient depuis deux mois, c’est aussi grâce à la mise en exploitation de cette centrale.
Il est important de le savoir et c’est au ministre de l’Energie de sortir pour présenter l’état d’évolution du chantier dont le coût de réalisation est évalué à 20 milliards de francs CFA. Ils veulent également connaître l’état d’évolution des projets de construction du pipeline d’exportation du brut d’Agadem, du barrage hydroélectrique de Kandadji, dont on ne parle plus. C’est important parce qu’il s’agit d’une question de survie pour un pays sous embargo pour une période encore indéterminée.