Depuis le renversement du président Bazoum Mohamed par l’armée le 26 juillet 2023, notre pays est sous le coup d’un embargo sauvage de la CEDEAO et de certains partenaires occidentaux, qui ont décidé de suspendre leur coopération avec le Niger.
Depuis l’entrée en vigueur des sanctions de l’organisation communautaire ouest-africaine à compter du 31 juillet précisément, les Nigériens n’ont eu cesse de décrier leur caractère illégal et criminel.
Elles sont illégales parce qu’elles ne figurent dans aucun instrument de la CEDEAO ; elles sont criminelles parce qu’elles visent à tuer à petit feu les populations nigériennes en les privant d’approvisionnement en nourriture et en produits pharmaceutiques mais aussi d’énergie électrique.
A cela vient s’ajouter le gel des transactions financières entre les autres pays membres de l’UEMOA et les banques commerciales du Niger pour aggraver davantage la situation.
Les citoyens lambda comme les ONGs nationales et internationales sont durement affectés par cette mesure insensée qui les prive de ressources financières indispensables en provenance de l’extérieur pour mener leurs activités.
Dans un tel contexte difficile, l’élan de solidarité devrait normalement se renforcer dans le pays pour alléger les souffrances des populations à la base.
Cet état d’esprit patriotique implique de la part des commerçants et des prestataires de certains services sociaux de base comme le transport, par exemple, une réduction des prix des produits et des coûts de leurs prestations pour permettre aux couches défavorables de maintenir le cap dans la lutte pour la conquête de la souveraineté véritable de notre pays engagée par les forces vives de la nation.
Mais s’ils estiment qu’il leur est difficile de consentir un tel sacrifice, qu’ils s’en tiennent au moins aux prix et coûts qu’ils pratiquaient avant les événements du 26 juillet 2023 qui ont conduit la CEDEAO à infliger ses sanctions notre pays.
Hélas, ce n’est pas le cas ! Au lieu de chercher à atténuer les souffrances des populations engendrées par ce sévère embargo en faisant preuve de plus de solidarité, les commerçants et certains prestataires contribuent plutôt à accentuer cette pression de la CEDEAO sur des populations déjà exténuées.
Les prix des denrées alimentaires de consommation courante grimpent chaque jour que Dieu fait depuis deux mois, au motif que la frontière béninoise, le principal corridor maritime d’importation de marchandises dans notre pays et fermée.
Le sac de 25kg de riz qui coûtait entre 11.000 et 12.500 francs CFA se vend aujourd’hui entre 17.500 et 20.000 francs selon la variété et la qualité, a-t-on constaté sur le marché. Le paquet de sucre d’un kg coûte 1.350 francs, la boîte de lait concentré sucré est dans la même fourchette de prix, etc.
‘’Cette augmentation ne dépend pas de nous, même chez les grossistes où nous nous ravitaillons, les prix ont connu une hausse’’, justifie Hachimou, un épicier de quartier. ‘’Sur chaque tonne de riz, les gros importateurs de riz gagnent aujourd’hui près de 200.000 francs’’, s’est scandalisé un commerçant d’accessoires de couture au grand-marché de Niamey, choqué par l’achat d’un sac de riz de 25kg la semaine dernière déjà à 16.000 francs.
‘’La fermeture des frontières du Bénin et du Nigéria ne saurait justifier à elle seule cette flambée sauvage des prix. A cette allure, si le maintien des sanctions de la CEEAO perdurent, le sac de 25kg risque d’être hors de portée de l’écrasante majorité des populations à revenu modeste’’, craint-il.
Pour rompre l’isolement de notre pays en matière d’approvisionnement en vivres et produits pharmaceutiques, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte militaire, a décidé d’établir un pont avec le Burkina Faso pour l’acheminement des convois de camions de marchandises à destination du Niger supervisé par les militaires des deux pays.
Une opération qui connaît un franc succès et qui présente même beaucoup de facilités aux opérateurs en termes de tracasseries et de coûts financiers.
Il est inadmissible dans un tel contexte de laisser les opérateurs économiques agir à leur guise en matière de fixation des prix des produits, que rien ne justifie.
Le CNSP est interpellé pour prendre les mesures qui s’imposent à leur égard en vue de soulager les souffrances des populations qui luttent pour la conquête de la souveraineté véritable de leur pays.
Le contexte ne sied pas pour chercher à asphyxier davantage les Nigériens. S’ils n’ont aucun sens de la solidarité même en période de lutte, la junte militaire doit le leur imposer en instituant des mesures de sanctions drastiques à l’encontre les commerçants véreux. C’est un devoir hautement patriotique ! ‘’