La page du refus de la prise de parole à la délégation officielle nigérienne à la tribune des Nations Unies lors de la 78e Assemblée générale de l’institution internationale tenue récemment est loin d’être tournée. C’est un acte injuste et proprement scandaleux posé par le secrétaire général des Nations Unies contre notre pays, selon l’association des ambassadeurs et des consuls généraux du Niger à la retraite (ACNiR), à travers une note explicative publiée ce mercredi 4 octobre 2023 par l’Agence nigérienne de presse (ANP).
Pour l’association, ‘’la situation ainsi créée pose la question de la représentation d’un Etat membre à une session de l’Assemblée générale, qui relève des techniques des relations interétatiques, en particulier dans les aspects relatifs aux organes qui les animent et aux engagements internationaux souscrits par les Etats’’.
Parce que ‘’cette question est régie par le règlement intérieur de l’Assemblée générale, en ses articles 26 et 27 notamment’’, laquelle AG se réunit en session ordinaire chaque année ; ‘’et avant l’ouverture de la session, chaque délégation est tenue de communiquer au Secrétaire Général des Nations Unies, les pouvoirs de ses représentants et les noms des membres qui la composent’’. Pour montrer l’injustice flagrante dont la délégation officielle du Niger a été victime à l’occasion de cette 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU, l’ACNiR a présenté la démarche à suivre en pareille circonstance, telle que prévue par les textes de l’institution, en l’occurrence les dispositions des articles 28 et 29’’ et le principe de neutralité absolu du SG de l’institution dans tous les cas.
Selon les ambassadeurs et consuls nigériens à la retraire, ‘’pour déterminer lesquels des pouvoirs sont valides et doivent être acceptés, on applique en général le critère de contrôle effectif, c’est-à-dire laquelle des autorités concurrentes exerce effectivement le pouvoir dans l’Etat concerné. En tout état de cause, les critères retenus pour reconnaître un gouvernement issu d’un changement de régime par révolution ou coup d’Etat, sont principalement :
– L’effectivité du pouvoir gouvernemental,
– Le contrôle effectif sur le territoire national,
– La capacité et la volonté de respecter ses engagements internationaux,
– L’adhésion des populations.
Ces critères ont été mis de côté par les Nations Unies et c’est ce qui laisse croire à l’ACNiR qu’il s’agit ‘’d’une mauvaise foi ou d’abus’’, le fait de denier ‘’à la délégation désignée par les nouvelles autorités du Niger de les représenter valablement à la session annuelle de l’Assemblée générale, l’organe plénier par définition de l’Organisation des Nations Unies’’.
‘’Les pouvoirs de la délégation que devait conduire le Premier ministre ont été dûment signés par le chef de l’Etat. La question se pose alors de savoir qui a pu signer les pouvoirs d’une soit disant délégation concurrente’’, a souligné l’association, rappelant un cas similaire intervenu en 1933.
‘’Lorsque pareil cas s’était posé en 1993 concernant la représentation de la République du Zaïre à la session ordinaire de l’Assemblée générale, ce sont les pouvoirs de la délégation présidentielle émanant des autorités exerçant effectivement le pouvoir dans le pays, qui avaient été acceptés par la commission de vérification des pouvoirs’’, a indiqué l’association. Au regard de ces arguments, l’association pense que c’est la délégation du Premier ministre qui devait l’emporter.
‘’Comme on peut le constater, la contestation par un Etat ou des Etats membres, car c’est de ça qu’il s’agit en réalité, n’est pas de nature à empêcher l’accréditation du Niger à la session. En témoigne sa participation aux travaux de l’Assemblée Générale à travers ses délégués en service à la Mission Permanente à New York et ce, dans la mesure où le pays n’est pas tombé sous le coup des articles prévoyant la suspension des droits et privilèges d’un Etat membre, à savoir les articles 5 et 18 (sanctions décidées par le Conseil de Sécurité) et l’article 19 pour ce qui est des arriérés de contribution pour un montant supérieur à celui de deux exercices budgétaires. Au regard de tout ce qui précède, force est de reconnaître qu’à l’heure actuelle, on est en droit de dire que tous les critères requis pour la représentation du Niger à la 78e session de l’AG des Nations Unies sont remplis par les nouvelles autorités nigériennes issues du coup d’Etat du 26 juillet 2023’’.