L’ingérence américaine
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans sa quête incessante de préserver l’équilibre politique et la stabilité régionale, est actuellement prise en étau entre les initiatives diplomatiques des États-Unis et de l’Algérie, laissant entrevoir les failles et la passivité de l’organisation régionale face à la crise politique au Niger.
Officiellement, les États-Unis refusent d’endosser le rôle de médiateur. Pourtant, en marge de l’AGNU de septembre dernier, la diplomatie américaine a multiplié les gestes pour encourager le dialogue entre le CNSP et la CEDEAO. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a participé à une réunion de la CEDEAO consacrée à la crise politique au Niger. Les États-Unis plaident en coulisses pour une transition réduite à six (6) mois, suscitant l’ire de nombreux chefs d’Etat de l’institution régionale qui soutiennent toujours le président déchu, Mohamed Bazoum. Les capitales ouest-africaines voient d’un mauvais œil les manœuvres de Washington. Celles-ci pourraient, en effet, être interprétées comme une reconnaissance tacite de la junte au pouvoir à Niamey.
La crise s’approfondit avec le refus de Washington d’appuyer une intervention militaire de la CEDEAO au Niger au lendemain du coup d’État du général Abdourahamane Tchiani. L’échange tendu entre le président ivoirien Alassane Ouattara et Victoria Nuland, de la diplomatie américaine, reflète l’ampleur du mécontentement régional. La perception que la position américaine vise principalement à préserver sa base militaire d’Agadez ajoute une couche de méfiance, suggérant que les intérêts américains au Niger l’emportent sur la quête d’une stabilité politique durable dans l’espace CEDEAO.
L’ombre Algérienne
Pour compliquer davantage la situation, Alger est entré en scène, se déclarant officiellement médiateur dans la crise nigérienne, intensifiant ainsi la pression sur une organisation régionale déjà malmenée. Cette démarche, réalisée en accord avec le CNSP, sans la moindre consultation de la CEDEAO, illustre un affaiblissement stratégique de l’organisation ouest-africaine. L’Algérie montre une fois de plus l’inefficacité de la CEDEAO. En multipliant les canaux de négociation, le CNSP semble déterminé à réduire l’influence et la portée de la CEDEAO.
La CEDEAO à la croisée des chemins
La CEDEAO se retrouve aujourd’hui dans une position précaire. Coincée entre les dissensions internes et les manœuvres politiques de Washington et d’Alger, elle est confrontée à un dilemme majeur : céder à des influences extérieures ou affirmer sa primauté en tant qu’entité régulatrice clé. Les interventions de Washington et d’Alger montrent en tout cas à quel point l’organisation est dépassée dans la résolution de crise touchant ses Etats membres. Le risque ? Une perte totale de crédibilité sur la scène internationale.