Le processus de désengagement des soldats français de la force Barkhane cantonnés à la base aérienne 101 de Niamey a-t-il débuté ce lundi 9 octobre 2023 ? Si l’on s’en tient au procès-verbal de la réunion de coordination tenue ce dimanche 8 octobre entre les militaires français et leurs homologues nigériens sur les modalités opérationnelles de ce retrait, on peut répondre par l’affirmatif.
La France voulait au départ évacuer ses soldats du Niger par l’axe Bénin et débuter l’opération par l’acheminement de ses avions de chasse. Un plan de désengagement qui n’a pas trouvé l’accord de Niamey.
Pour le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte militaire au pouvoir au Niger depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, qui a renversé le président Bazoum Mohamed, l’opération doit débuter par l’évacuation par voie terrestre des soldats, ensuite suivra le retrait des avions de chasse.
Dans sa planification du retrait des troupes françaises, le CNSP a souhaité que les derniers soldats français qui ont foulé notre sol soient les premiers à le quitter, selon le Général Mohamed Toumba, ministre d’Etat de l’Intérieur, expliquant récemment les mésententes qui se posent par rapport au départ des troupes françaises. ‘’Vous êtes militaires, nous sommes militaires. Nous savons pertinemment que si vous gardez des troupes au Niger, c’est toujours dans cet esprit belliqueux. (…) Vous allez quitter, mais pas par le Bénin et que vos avions, on va les libérer à la dernière minute’’, a déclaré le ministre de l’Intérieur.
Selon lui, la hiérarchie de la force Barkhane a rétorqué que ‘’cette option ne l’arrangeait pas’’. ‘’Nous aussi, nous avions pressenti qu’ils avaient des intentions malveillantes ; ils allaient se retrouver dans un pays voisin et essayer d’utiliser lesdits avions contre nous’’, a dit craindre le ministre Toumba.
La réunion de coordination sur le désengagement de Barkhane a finalement permis d’aplanir les divergences. Dans le procès-verbal, il est clairement mentionné que les soldats de la force Barkhane seront transférés à N’Ndjamena (Tchad), qui abrite déjà une base importante de l’armée française depuis plusieurs décennies.
Ce plan de retrait validé prévoit notamment l’acheminement dès ce lundi 9 octobre ‘’de deux convois de Niamey et Ouallam et Tabarey-barey pour la mise en place des moyens de transport nécessaires à l’acheminement du matériel’’.
‘’Il s’agit de rapatrier d’abord à Niamey les soldats français positionnés dans les camps à Ouallam avant d’engager l’opération de leur refoulement vers le Tchad. Cela nécessite un ravitaillement en carburant mais aussi le déploiement de moyens adéquats pour le démantèlement des camps et le transport du matériel’’, a déclaré une source militaire proche des négociations.
Ce mardi 10 octobre, il est prévu le départ d’une partie des éléments français stationnés à Ouallam et Tabarey-barey ainsi que de la logistique pour N’Djamena (Tchad). ‘’Une partie du convoi de Tabarey-barey acheminera à la BA101, le matériel qui sera transporté par voie aérienne’’, lit-on dans le procès-verbal.
‘’Tous les convois terrestres pour Ndjamena se feront avec des équipages minimums. Les armes de bord seront démontées’’, ‘’La sécurité des convois sera assurée par la partie Nigérienne’’, poursuit le procès-verbal.
Des plates-formes d’informations des citoyens sur la mise en œuvre du déroulement du retrait ont été définies de façon consensuelle par les deux parties dans un souci de transparence.
Depuis le 3 août 2023, une gigantesque mobilisation des citoyens nigériens à lieu nuit et jour devant la porte principale d’entrée de la base aérienne 101, contiguë au rond-point de l’Escadrille rebaptisé récemment ‘’Place de la Résistance’’ par la société civile nigérienne en lutte pour le départ de la force Barkhane du pays.
On peut dès lors considérer que le départ des soldats de la force Barkhane de notre territoire est désormais irréversible.
La mobilisation permanente pendant des mois des populations devant la base aérienne française pour exiger leur départ n’a pas été vaine. Grâce à cette lutte citoyenne pour la conquête de la souveraineté véritable de notre pays, les Nigériens ont découvert la face hideuse de la coopération militaire française avec notre pays sous la présidence Macron.
Alors qu’on parlait d’environ 1.500 soldats français officiellement, l’on a découvert que leur nombre avoisinait les 3.500 hommes. Avec ce départ imminent des troupes de Barkhane de notre sol, quel seront les prochains chantiers sur lesquels les acteurs de la société civile vont réorienter la lutte ?
Les sanctions de la CEDEAO qui affectent durement les populations nigériennes ? Les propositions de médiation offertes par certains pays ? On s’auto satisfait de la résilience dont font preuve les citoyens jusqu’ici face aux effets pervers des sanctions illégales et criminelles de la CEDEAO. Mais combien de temps peuvent-il tenir ? Toute la question est là !