Peut-être aurions-nous dû écrire : Alliance des Etats du Sahel (AES) versus France. Nous croyons qu’une majorité d’Etats, à défaut d’être ouvertement contre ladite orientation, guidée de l’extérieur, préfère se cantonner dans une prudente expectative. Quoi qu’il en soit, les sanctions commencent à peser sur le Niger et, conséquemment, par ricochet, sur ses deux autres partenaires, le Burkina Faso et le Mali. A ce jour, tous les appuis possibles ont été prospectés pour contourner, un tant soit peu, la rigueur inhumaine du blocus subi. La résilience des peuples est admirable, il faut le dire.
Les pays de l’AES
Ce serait une grave erreur pour la CEDEAO et la France de penser que les trois pays de l’AES ont déjà tiré toutes leurs cartouches et qu’ils n’ont plus qu’à se rendre en faisant leur « mea culpa » et la queue entre les pattes ! Erreur ! Grossière erreur ! Qui risque de coûter cher ! Ces trois (3) pays, auxquels peuvent s’adjoindre d’autres partageant la même destinée, n’ont pas encore utiliser tout l’arsenal de riposte à leur disposition.
Imaginez un appel de boycott de soixante millions (ou plus) de consommateurs contre les produits et services français, béninois, ivoiriens et autres. Dans tous les secteurs, même celui du divertissement comme Canal plus et autres ! Croyez-le ! Ça peut faire mal !
Imaginez une vaste campagne mondiale, impulsée par ces pays, pour boycotter les jeux olympiques 2024 de Paris ! Ça peut faire mal !
Imaginez, l’abandon brusque, « en plein vol », du franc CFA et de la langue française comme langue officielle par trois pays du Sahel (ou plus) ! Ça peut faire mal ! Mais surtout ce qui peut être terriblement dommageable, c’est l’ancrage dans la conscience collective de beaucoup d’Africains de la détestation profonde et irréversible du pays de Molière, après que des langues se soient déliées sur les nombreuses zones d’ombre de l’histoire. Décidemment, plus l’on tardera à normaliser la situation, plus le rayonnement de la France à terme, en prendra un sacré coup ! Croyez-le !
La France et ses marionnettes de la CEDEAO
C’est une vérité établie aujourd’hui. L’Union Européenne, et donc la France par induction, subventionne très largement la CEDEAO. C’est surprenant, voire inadmissible. Passons. Il s’en suit tout logiquement qu’elle a voix au chapitre dans les activités de l’institution régionale. Rien d’étonnant alors que Bola Tinubu, Patrice Talon et Alassane Ouattara, les trois va-t’en guerre, pour faire chorus avec Macron, prennent leurs peuples à rebrousse-poil, et de ce fait, s’exposent dangereusement à des coups d’Etat, à tout moment. Leur mentor, Emmanuel Macron lui-même, n’est pas à l’abri d’une insoumission de l’armée française, qui, à chaque fois qu’elle a été humiliée par la faute des politiques, a rué dans les brancards. Si l’on fait abstraction des tentatives vouées à l’échec, le pays de Jean-Paul Sartre a enregistré trois coups d’Etats dans l’ère moderne. Pourtant, dans ce pays, une loi non écrite impose aux politiques de protéger, vaille que vaille, l’honneur de l’Armée et l’Armée à son tour, s’engage à ne jamais intervenir dans le champ politique. Chaque fois qu’il y a eu un accroc dans ce domaine, l’Armée républicaine a toujours trouvé le moyen de manifester son courroux. A bon entendeur, salut ! Le Frère trois points Jacques Chirac, qui a tenu à être initié en Suisse (Loge Transalpina), il y a un demi-siècle, pour ne pas dépendre de certains grands Maîtres hexagonaux, est le seul président de la cinquième république française à avoir vu, concernant les nouvelles colonies ‘’indépendantes’’, plus loin que le bout de son nez. Tout le contraire de son successeur immédiat, Nicolas Sarkozy qui, selon Antoine Glazer parachutait des armes et du matériel de guerre dans le septentrion nigérien afin qu’ils soient convoyés au Mali pour appuyer la rébellion touarègue. Posture d’une ambiguïté, à la longue inopérante. Pour Emmanuel Macron, loin du cynisme épidermique de Sarkozy, on peut parler de naïveté, due à sa méconnaissance du terrain. Il se complait dans un paternalisme obsolète tiré de ses lectures du niveau de « Tintin au Congo » comme s’il s’adressait en permanence à des nez percés. Il serait temps pour lui de mûrir et de voir les choses avec le recul requis. La France a beaucoup à perdre dans ce bras de fer, s’il tourne mal. Du reste, n’est-il pas déjà trop tard ?