Le théâtre politique sait parfois offrir des scènes qui frisent le ridicule. L’épisode du dimanche dernier, où le général de brigade Tiani Abdourahamane, président du CNSP, s’est trouvé à la tête d’une mise en scène médiatique des plus singulières, en est l’illustration parfaite. Une élève en CE2, dans un élan d’innocence, faisant don de ses économies, modestes certes, mais symboliques, au Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie. Et comme si cela ne suffisait pas à satisfaire les desseins du général, l’événement a été magnifié, presque sacralisé, par une couverture médiatique disproportionnée, largement relayée par les médias d’État, le quotidien « Le Sahel » en a même fait sa ‘’UNE’’ du lundi 23 octobre.
Il serait tentant de saluer la démarche du général Tiani, d’applaudir naïvement ce que d’aucuns pourraient considérer comme une habile manœuvre de communication. Cependant, le contexte actuel, marqué par des sanctions sans précédent de la CEDEAO et de l’UEMOA à la suite du putsch du CNSP, de pénurie de riz et de produits pharmaceutiques, d’une inflation galopante, de coupures intempestives de courant etc, comment peut-on se satisfaire d’un tel spectacle ? Les entreprises suffoquent, le peuple est à bout, et pendant ce temps, le général se complait dans une opération de com’ qui, loin de soulager le pays, accentue son image de leader déconnecté.
Les Nigériens ne sont pas dupes. Ils veulent des solutions, de la clarté, et non des mises en scène. Le rôle d’un dirigeant n’est-il pas de répondre aux besoins pressants de son peuple, plutôt que de se perdre dans des simulacres médiatiques ?
La politique, dans sa noble essence, est un art de la gestion de la cité, où le bien-être des citoyens doit être toujours au centre des préoccupations. En ce sens, la question qui se pose est double : Le général Tiani a-t-il la volonté véritable de répondre à ces exigences ? Mais surtout, en a-t-il réellement la capacité ?
La réponse à ces interrogations demeure en suspens pour le moment. Mais ce qui est certain, c’est que les parades médiatiques, aussi bien élaborées soient-elles, ne masquent pas le manque de vision d’un leader et ne sauraient remplacer une action concrète et bénéfique pour le peuple. n
La Rédaction