Le 21 octobre 2023, une scène inhabituelle s’est déroulée à l’aéroport international Diori-Hamani de Niamey. Trois gendarmes français, attendus pour intégrer l’équipe de l’ambassade de France, ont été recalés par les autorités nigériennes, dans un contexte de tensions palpables entre Paris et Niamey depuis le coup d’État du CNSP du 26 juillet 2023.
Munis de passeports de service et de visas en règle délivrés par les autorités consulaires nigériennes, ces militaires, fraîchement débarqués, anticipaient une prise de poste somme toute routinière. Cependant, contre toute attente, ils se sont vus refuser l’entrée sur le territoire nigérien. Un coup de théâtre qui les a contraints à un retour précipité, embarqués dans la nuit du 21 au 22 octobre sur le vol TU390 de Tunisair à destination de l’aéroport de Tunis.
Cette décision, dont les motifs n’ont pas été explicitement énoncés par les autorités nigériennes, s’inscrit dans un climat de relations franco-nigériennes tendues. Depuis le renversement de l’ancien régime par le CNSP, les rapports entre les deux pays connaissent des remous significatifs. L’épisode de ces gendarmes refoulés vient ajouter une couche supplémentaire à cette atmosphère déjà lourde.
Par ailleurs, l’ambiance au sein de l’ambassade de France à Niamey reste précaire. Après le départ de l’ambassadeur Sylvain Itté, fin septembre 2023, à la demande de la junte, la vie quotidienne des agents diplomatiques s’est vue fortement perturbée. Confinés dans l’enceinte de l’ambassade, ils ne bénéficient que d’une permission de sortie par jour, illustrant le degré de contrôle et de méfiance instauré par les autorités actuelles.
Cet incident, apparemment anodin, est en réalité le symptôme d’une relation bilatérale tendue, voire fracturée, qui ne présage rien de bon pour la coopération future entre la France et le Niger.