La création de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (COLDEFF) a suscité un vif intérêt et une multitude de réactions au sein de l’opinion nationale. Instituée par l’ordonnance numéro 2023-09 du président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le général Abdourahamane Tiani, cette entité se trouve aujourd’hui confrontée à un défi majeur. La crédibilité de la COLDEFF est mise à l’épreuve, exacerbée par les controverses entourant l’intégrité de certains de ses 35 membres.
Un manque de transparence critiqué
L’absence de clarté dans le processus de désignation des membres de la COLDEFF a fait l’objet de vives critiques. Cette opacité a alimenté les doutes et les suspicions, fragilisant ainsi l’image d’un organe censé incarner la probité et la lutte acharnée contre la corruption. L’examen attentif des parcours des individus choisis pour intégrer la COLDEFF a révélé des anomalies préoccupantes. Plusieurs membres dont le passé n’est pas exempt de reproche, semblent porter atteinte à l’intégrité de la commission, ébranlant sa légitimité avant même qu’elle ne débute son travail.
Mesures de rectification et perspectives d’avenir
Face à ces accusations et conscient de leur impact négatif, le CNSP a pris l’initiative de restructurer la COLDEFF, écartant des éléments controversés pour redorer son blason. Des figures telles que Chalaré, un huissier épinglé par la justice, Issoufou Kado, ex-comptable à l’ambassade du Niger au Caire (Egypte) dont le nom a été mentionné dans un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF), ainsi qu’un receveur des impôts impliqué dans une affaire de détournement à la Direction Générale des Impôts (une procédure de remboursement est en cours), ont été retirés de la COLDEFF. Cette action soulève des questions cruciales : Y aurait-il d’autres membres susceptibles d’être évincés ? Les individus exclus de la COLDEFF ont-ils trouvé des remplaçants adéquats ? Si oui, selon quels critères ont été sélectionnés ces nouveaux venus ?
Vers une renaissance de la COLDEFF
La situation actuelle exige une réponse transparente et efficace de la part du CNSP. Il est impératif de réinstaurer la confiance dans cette commission, essentielle à la lutte contre la corruption. Pour cela, il est fondamental que la COLDEFF soit composée de membres au parcours irréprochable, dont l’intégrité et l’expertise ne sauraient être remises en question. La rectification de sa composition est un premier pas vers la rédemption. Mais son succès dépendra de sa capacité à opérer de manière transparente, juste et efficace, incarnant ainsi les principes de probité et de justice qu’elle est censée défendre.
La COLDEFF, malgré les turbulences initiales, a l’opportunité de se réinventer et de devenir un modèle de lutte contre la délinquance économique et financière afin de s’aligner sur les aspirations à la justice et à l’équité de la population.