Nul ne peut songer un seul instant que la MRN (l’alliance qui était au pouvoir) puisse renaître de ses cendres, tel un phénix. La plupart des observateurs sont persuadés qu’elle est bel et bien disloquée, pour de bon. Que vont devenir ses différentes composantes, c’est-à-dire les partis politiques qui en formaient l’ossature ? Chacun des alliés a dû se poser cette question cruciale au soir du 26 juillet 2023, date du putsch historique de Tiani, Mody, Toumba et leurs camarades. Chacun d’eux, a dû voir s’ouvrir devant lui des perspectives plutôt moroses. Les plus optimistes, et aussi combatifs, ne vont certainement pas rester bras ballants. Les méninges sont en plein régime et des passerelles seront jetées entre les forces vives de la nation pour aboutir à une recomposition viable de la scène politique.
Les pôles attractifs
En astronomie, les corps célestes de masse imposante attirent les corps de moindre masse. En politique, il en est de même pour les formations qui visent les pouvoirs exécutif et législatif. Pour ce faire, il faut nécessairement s’enraciner dans une contrée, et donc avoir une base ou être, à titre individuel, un politicien chevronné. En fait, au Niger, l’un ne va pas sans l’autre. De sorte que si l’on veut identifier les formations politiques les plus prometteuses, on doit, du même élan, identifier son leader, qui est généralement son père fondateur. Il est vrai que nous avons dans notre pays plus de 150 partis politiques, mais en réalité, une dizaine seulement surnagent et peuvent prétendre être des pôles attractifs. Il s’agit du PNDS-Tarayya, du Modem FA-Loumana, du MNSD-Nassara, du MPR-Jamhouriya, du RDR-Tchandji, du MPN-Kishin kassa, du PJP-Doubara, de l’ANDP-Zaman Lahiya, et de AMEN – AMIN.
Nous retrouvons à peu de chose près les mêmes acteurs et les mêmes divisions post-conférence nationale souveraine, quand l’AFC (alliance des forces du changement) a pu damer le pion au MNSD parti-Etat. Allons-nous retrouver la même démarcation ? Des forces de gauche, c’est-à-dire progressistes, incarnées par Mahamane Ousmane du RDR, Issoufou Mahamadou du PNDS et Moumouni Adamou Djermakoye de l’ANDP Zaman-Lahiya face à Tandja Mamadou du MNSD-Nassara et ses satellites ? C’est peu probable. Mais il est possible que de nouvelles dynamiques se mettent en branle.
Reconstitution du MNSD-Nassara originel
Cette idée assez séduisante apparait de temps en temps puis disparait tel un serpent de mer. Il faut dire que les contextes antérieurs ne s’y prêtaient pas, du fait des incompatibilités et antagonismes entre certains leaders. Mais aujourd’hui l’instant est fatidique. C’est une question de survie. S’unir ou disparaître. S’il faut aller à Canossa, il ne faut pas hésiter. Est-ce que Hama Amadou peut oublier tous les déboires que lui avait fait subir Seyni Oumarou et accepter de se réconcilier avec lui ? Est-ce que Ibrahim Yacouba peut balayer d’un revers de la main l’humiliation orchestrée par Foumakoye Gado en son encontre et lui proposer de fumer le calumet de la paix ? La fin justifie les moyens et donc la capacité des sujets à avaler des couleuvres. Ne soyez donc pas sidérés si vous apprenez, un beau matin, que Hama Amadou, Seyni Oumarou et Albade Abouba ont réussi à recréer le MNSD- Nassara originel. Pareillement, nul ne devra être étonné si Ibrahim Yacouba et d’autres, retournaient au bercail, c’est-à-dire dans le giron du PNDS-Tarayya. Le tout est de savoir si une telle configuration peut se révéler positive pour notre pays.
Le dernier mot
L’on peut spéculer tant qu’on le voudra sur la suite des événements après la transition, mais on doit garder en mémoire que c’est le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) qui aura toujours le dernier mot. Il peut effectivement changer les données de base et mettre ainsi à mal toute notre analyse. Tout comme il peut parfaitement accepter que les choses suivent leur cour normalement. Sans entraves, ni interférences, ni orientations arbitraires. Espérons-le. !