En interne, les nouvelles autorités du pays n’ont de cesse de louer l’extraordinaire résilience du peuple Nigérien, stoïque, face aux sanctions illégales, illégitimes, iniques et inhumaines décidées par le président français Emmanuel Macron, s’appuyant sur des chefs d’Etats dociles de la CEDEAO. Le peuple lui-même presque surpris de sa propre vaillance ne manque aucune occasion pour s’autoglorifier de sa propre combativité. Et jusqu’à des observateurs extérieurs continentaux, ou extracontinentaux, qui n’en reviennent pas de l’incroyable capacité d’endurance, sur la durée, de tout un peuple, soudé derrière le CNSP (Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie). Il est évident aussi que ce bras-de-fer ne peut pas durer éternellement et que, nécessairement, ça va craquer, quelque part. En un moment donné, d’un côté ou de l’autre de la barrière, il faudra se résoudre à passer à la vitesse supérieure, à mettre fin aux demi-mesures et envisager, advienne que pourra, le clash radical et irréversible.
La souffrance du peuple
Forcément, avec la fermeture des frontières, surtout celle vitale entre le Niger et le Bénin, les produits, tous les produits, se font rares sur le marché nigérien, et donc, selon le principe de proportionnalité entre la valeur d’un bien et sa rareté, les prix ont tendance à monter en flèche. Mais le phénomène ne touche heureusement pas tous les domaines. Les prix dans les transports et énergie semblent stables. Pour tout dire, ce sont les denrées de première nécessité qui sont les plus impactées. Jugez-en !
Le sac de riz de 25 kilogrammes qui était vendu à 11.500 F a grimpé, ces jours-ci, à 15.500 F, voire 16.000 F. Pareillement, pour le maïs dont la tasse coutait 500 F et qu’on ne peut plus obtenir aujourd’hui sans débourser 800 F. La pomme de terre, pourtant cultivée dans le septentrion du Niger, a tout simplement doublé son prix en trois mois. En réalité, et cela peut échapper à la sagacité des observateurs distraits, c’est au niveau des condiments, absolument indispensables chaque jour, que l’inflation des prix désole la ménagère. Par exemple, l’huile qui passe de 800 F à 1200 F ! Sans parler des oignons dont Galmi est un des grands centres de production. Et tout le reste, à l’encan.
Bravement, le peuple endure ces sacrifices, sachant que la liberté dont il veut maintenant se parer a un prix. Mais le prix est lourd. Non seulement la vie coûte de plus en plus chère, mais les compensations par des revenus réguliers à la hauteur de la situation deviennent de plus en plus aléatoires, très problématiques. Certes, par le passé, les Nigériens ont connu une période de neuf (9) mois sans salaire pour les fonctionnaires, mais l’économie du pays, soutenue par un secteur privé performant, palliait aux privations et désagréments ainsi provoqués. Aujourd’hui, c’est toute la superstructure économique qui est impactée. L’effondrement social nous guette.
Lots de consolation
Evidemment, ça nous fait une belle jambe de penser que les autres souffrent plus que nous. Les autres, à l’instar du Bénin. L’on se doute que l’économie de ce pays végète sens dessus-dessous à cause de la fermeture hermétique de la frontière à Malanville. En Côte d’Ivoire et au Sénégal, c’est à peine mieux. Soit ! En quoi cela déminue-t-il la souffrance de nos compatriotes désespérés ? Ils semblent être arrivés au bout du rouleau. Au point de souhaiter des solutions radicales, extrêmes. Le boycott de tous les produits et services des pays hostiles au Niger. Ou l’abandon pur et simple des institutions nocives comme l’UEMOA et la CEDEAO. Ou alors, toute honte bue, capituler en rase campagne. C’est l’un ou l’autre. Être assis entre deux chaises, il n’y a rien de plus inconfortable. Il faut y mettre fin.
Prédictions
Dussiez-vous nous désapprouver, nous reconnaissons que nous en sommes réduits à cette extrémité-là. La tactique adoptée contre le Niger semble être de souffler le chaud et le froid. Laisser filtrer une lueur d’espoir et, brutalement, nous refermer la porte au nez. Jeu pervers et cynique, s’il en est, et qui peut se révéler comme un couteau à double tranchant. Il ne faut pas croire que d’autres n’observent pas ce combat de David (AES) contre Goliath (l’ex puissance coloniale et ses larbins). Il ne faut pas croire que cela les laissera très longtemps de marbre. Dieu seul sait comment et quand ils pourront réagir, mais, ce qui est sûr, ils réagiront, tôt ou tard.
C’est une course contre la montre qui s’ouvre actuellement. Le premier qui s’essouffle a perdu. Une capitulation, peut-être, sans conditions. Rien de moins.
B. Diaouga