Dans l’arène chaotique de la politique régionale africaine, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se révèle non comme un acteur de premier plan, mais plutôt comme un spectateur passif, voire complice, des désastres qu’elle prétend éviter. La récente affaire des sanctions imposées au Niger ne fait qu’exacerber ce constat amer : la CEDEAO, loin d’être le moteur de l’intégration et de la coopération régionale, se transforme en un véhicule de division et d’injustice par ses actions maladroites.
Prenons le cas du Niger, un État membre de la CEDEAO, qui se voit désormais écrasé sous le poids de sanctions à la fois injustes et contre-productives. Est-ce là le visage de la solidarité régionale ? Certainement pas. C’est plutôt le portrait d’une organisation déconnectée, qui semble avoir perdu de vue ses principes fondateurs.
Il est désolant de constater que la CEDEAO, censée être un phare de coopération et d’intégration régionale, s’est muée en un colosse aux pieds d’argile, oscillant entre des décisions arbitraires et inefficaces et une partialité flagrante. La conférence des chefs d’États et de gouvernement, qui avait pris les sanctions contre notre pays, semble ne pas tenir compte de la complexité et de la spécificité de chaque État membre.
Le cas du Niger est révélateur : il expose sans fard les lacunes d’une institution qui, au lieu de favoriser l’harmonisation et la solidarité, penche vers une rigidité peu propice au développement et à l’entente. La menace d’une désintégration de l’UEMOA et le possible éclatement de la CEDEAO ne sont pas de simples chimères. Ce sont des réalités tangibles, nées de l’incapacité de cette organisation à évoluer et à répondre de manière adéquate aux défis contemporains.
Les décisions qui seront prises lors du sommet de décembre prochain auront des répercussions non seulement sur le Niger, mais aussi sur l’intégrité même de la CEDEAO. Il est temps de se demander si cette organisation, telle qu’elle fonctionne actuellement, sert réellement les intérêts de ses Etats membres, ou serait-elle devenue un obstacle à surmonter pour les nations en quête de véritable autonomie et de progrès.