En recevant dimanche 3 décembre 2023, une importante délégation Russe, le général de corps d’armée Salifou Mody, ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale, s’est acquitté avec plaisir d’un devoir que les circonstances et sa fonction lui imposaient. En effet, dans ce contexte de tensions entre notre pays et la CEDEAO qui lui a infligé des sanctions iniques, inhumaines et honteuses, l’arrivée remarquée des représentants de la fédération de Russie, ne manquera pas d’interloquer bien des observateurs de la scène politique africaine. Quand l’on sait que cette délégation était conduite par le vice-ministre de la défense de la fédération de Russie, le colonel général Evkourov Elunus-Bek, l’on se dit que cette visite de travail avec nos Autorités n’est pas anodine.
Réclamés à cor et à cri
Dans toutes les manifestations qui ont ponctué l’arrivée des prétoriens au pouvoir, à Bamako, Ouagadougou et Niamey, on a vu fleurir des drapeaux Russes fièrement brandis. Les peuples, on ne sait trop pourquoi, transféraient beaucoup d’espoir en la Russie de Poutine pour la résolution de leurs difficultés du moment. Autant dire que les Russes étaient attendus comme des Messies. En réalité, sans le formuler très explicitement, c’est Wagner que l’on réclamait. Wagner, une société supposée privée de ‘’mercenaires’’, mais que l’on sait aux ordres du Kremlin. Aujourd’hui, il apparait que lors de son périple à Bamako, le général Salifou Mody avait déjà pris langue avec les représentants de ce groupement militaire. La visite de travail de la délégation Russe n’est qu’une suite logique des premiers contacts établis au Mali par le même officier supérieur. En toute logique, Wagner ne tardera pas à entrer en lice au Niger, à côte de nos troupes. Il va sans dire que cela créera quelques problèmes de cohabitation avec les troupes américaines installées dans le septentrion de notre pays.
Les nouvelles règles du jeu
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur, Bakary Yaou Sangaré, dans une interview exclusive accordée à la RTN (Radiotélévision du Niger) a défini les nouvelles règles que le CNSP (Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie) entend désormais observer avec tous ses partenaires, quels qu’ils soient. Le socle en est la souveraineté nationale. Nul n’aura l’audace de dire aux Nigériens qui ils peuvent fréquenter, et qui, ils ne doivent pas fréquenter. Le ministre assure qu’il a été très clair sur ce point face à la représentante des Etats-Unis d’Amérique, qu’il a reçue ce jour-là. Certes, du fait d’une loi domestique, les USA ont dû rompre leurs relations de coopération avec le Niger, exceptée celle qui a trait à l’humanitaire, il n’en demeure pas moins, que notre pays est reconnu en tant que tel, à l’opposé de la posture française qui snobe les Autorités actuelles. Induction ? Il faudra faire avec. Avec la Russie, sûrement. Avec Wagner s’il le faut !
Niger, pays convoité
Si l’on écoute certains spécialistes dans le domaine économique, ils vous jurent, la main sur le cœur, que le Niger est riche, au-delà de toute espérance, surtout la région du Liptako-Gourma. Que d’autres dirigeants occidentaux fassent la fine bouche, et mine de s’en désintéresser, c’est leurs problèmes. Notre pays n’a que faire des états d’âme des uns et des autres. Marche avec lui qui le veut. S’éloigne de lui qui le décide. Personne ne viendra lui dicter sa conduite.
Du reste, le Niger fait partie d’un ensemble, de mieux en mieux structuré, ensemble dans lequel chacun des partenaires entend synchroniser ses actions avec celles des autres. De ce fait, puisque Wagner, de notoriété publique, est déjà au Mali, il serait surprenant qu’il reste confiné, à ce seul pays. Tôt ou tard, Wagner s’installera de plein pied au Niger.
La visite de travail qui a commencé le 3 décembre n’est que le prélude du renforcement des accords de coopération militaire entre le Niger et la Russie. Avec, ou sans, Wagner.