Dans au moins cinq de nos parutions, nous avions dénoncé la convention fiscale de non-double imposition signée entre le Niger et la France, le 1er juin 1965, celle-ci étant totalement déséquilibrée au détriment de notre pays. Nous appelions alors les autorités nigériennes à une relecture des clauses de cette convention ou à sa dénonciation. Dans le cadre du combat pour la souveraineté politique du Niger, le Gouvernement de transition a procédé ce jour, mardi 05 décembre, à la dénonciation pure et simple de cette convention qui imposait au Niger de ne pas prélever d’impôts sur une entreprise créée en France qui exécutait un marché sur le territoire nigérien.
Par ailleurs, si une entreprise française non domiciliée au Niger exécute un contrat de prestation de service au Niger, la retenue à la source applicable à la somme versée en rémunération de cette prestation n’est pas due à notre pays. En outre, il n’y a pas d’entreprise nigérienne qui opérait en France pour pouvoir bénéficier des dispositions fiscales très particulières de cette convention.
Au Burkina Faso, cette convention fiscale avait été résiliée le 07 août dernier, du fait qu’elle occasionnait des pertes fiscales pour le fisc burkinabè, estimées entre 40 et 50 milliards de francs CFA. Depuis le 6 novembre, les entreprises françaises opérant sur le sol burkinabè ont l’obligation de payer leurs impôts à l’Etat du Burkina. Cette convention fiscale de non-double imposition fait l’unanimité contre elle en Afrique. C’est conjointement que le Niger et le Mali l’ont rejeté ce 05 décembre 2023. Dans un communiqué commun, les deux pays, membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont dénoncé « l’attitude hostile persistante de la France et le caractère déséquilibré de la convention causant un manque à gagner considérable pour le Mali et le Niger. » Les deux pays ont décidé de mettre fin à cette convention dans un délai de trois (3) mois, afin, disent-ils, « de préserver les intérêts supérieurs des peuples malien et nigérien. » Nos pays n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. Le Niger et le Mali doivent défendre leurs intérêts et leurs droits. D’une façon ou d’une autre, ceux qui ne savent pas préserver leurs intérêts finissent toujours par se faire phagocyter par les puissants. « Un pays qui ne défend pas ses intérêts n’est pas pris au sérieux », dixit Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères français. Rappelons-nous enfin de la célèbre phrase de Lord Palmerston : « L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents ; elle n’a que des intérêts permanents » qui s’applique à tous les pays.