Dans son message à la nation du 19 août dernier, le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a annoncé la convocation d’un « dialogue inclusif » qui devrait concerner toutes « les forces vives de la nation ». Objectif : formuler des « propositions concrètes » en vue de poser « les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle ». Alors que le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a lancé, lundi 1er janvier à Agadez, des concertations régionales, prélude audit dialogue devant notamment fixer la durée de la transition pour les militaires arrivés au pouvoir fin juillet par un coup d’État (ces assises régionales doivent se tenir dans les huit régions du pays), l’on ne sait toujours pas si les partis politiques seront autorisés à prendre part à ce « dialogue inclusif ».
Les militaires au pouvoir ont annoncé la suspension de toutes activités politiques, et ce, depuis le 27 juillet 2023. C’est l’une des rançons du coup d’Etat. L’année 2024 sera-t-elle comme 2023 s’est achevée, c’est-à-dire sans l’action des formations politiques ? Les partis sont-ils l’objet d’une politique de marginalisation ou de stigmatisation de la part des militaires ? Avec cette mise à l’écart de la classe politique, les militaires voudraient-ils s’éterniser au pouvoir ? Une chose est sûre, il n’est pas profitable pour le pays de stigmatiser tous les acteurs politiques. Le pouvoir militaire a besoin des acteurs politiques, surtout dans la situation actuelle de notre pays marquée par des défis complexes et multiformes. Au regard de ces défis, le CNSP doit faire en sorte que 2024 soit une année de cohésion sociale, de patriotisme, d’unité et de concorde nationale. Pour y arriver, chaque Nigérien doit s’engager à donner une place de choix à la justice, à l’inclusion, au respect de nos diversités dans tous les domaines et au respect des droits fondamentaux de ses concitoyens. Le CNSP doit aller vers la concertation et le dialogue avec la classe politique et l’ensemble des forces-vives de la nation pour trouver un consensus national sur les préoccupations de la nation. La réussite des missions de la transition dépend aussi de l’action de toutes les composantes de notre société.