Difficile de prétendre ignorer la polémique qui enflamme les réseaux sociaux et les fadas, ces jours-ci. Difficile d’intéresser nos compatriotes à un autre sujet social ou politique autre que la fixation sur la Dynamique Citoyenne pour une Transition Réussie (DCTR), une organisation de la société civile qui ambitionne d’avoir un rôle-clé dans le processus en cours, avec, comme non-dits, une main mise sur l’appareil d’État, après coup. Du moins, c’est cette approche que la plupart des Nigériens retiennent. L’équation ainsi posée, de manière frontale, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, ladite société civile étant dans son rôle. Mais, autour de cette ‘’dynamique’’, ou si vous préférez mouvement, surgissent quelques interrogations anxiogènes qui méritent d’être analysées.
Pourquoi ses principaux animateurs ont-ils opéré un brusque virage à 1800 ? D’où tirent-ils leurs moyens financiers pour pouvoir s’offrir, à travers le pays des tournées de sensibilisation et d’installation de directions régionales ? Qui est derrière eux ? Le CNSP ? La Primature ? Ou certaines têtes pensantes des militaires au gouvernail ? Ou encore quelques machiavéliques politiciens tapis dans l’ombre ?
Virage à 1800
Pourquoi Sidibé Issoufou, coordinateur national du mouvement DCTR a-t-il opéré un virage à 1800 ? Ancien agent des contributions diverses, il était tout récemment le conseiller de l’ex-président Issoufou Mahamadou, avec rang de ministre puis de Bazoum et, surtout, il était aux premières heures du coup d’État en tête des mini- manifestations anti-CNSP. L’ancien Secrétaire général de la CDTN, vous répliquera, qu’il est et demeure toujours, par principe, contre le renversement des Institutions par la force armée. De son point de vue, une transition étant inévitable, de ce fait, le mieux à faire, pour tout bon patriote, c’est d’œuvrer à sa réussite, sans jamais renoncer à ses principes fondamentaux. Jusque-là, ça tient la route, si l’on fait abstraction d’autres éléments qui viennent se greffer sur ce premier soupçon.
Les grands moyens
Il faut, nécessairement, un environnement propice pour pouvoir organiser des périples à l’intérieur du pays, c’est-à-dire une certaine bienveillance des autorités en place. Comme c’est pour soutenir ces dernières dans leurs œuvres, il serait présomptueux de se passer des aides éventuelles qui peuvent s’annoncer. Rien à dire. Ou à redire. Du reste, selon nos informations, après la prise de position de son conseiller Ibrahim Hamidou, sur les réseaux sociaux, le Premier ministre Ali Maman Lamine Zeine lui a emboîté le pas, en clarifiant sa position : le respect scrupuleux des normes. Il ne faut donc pas faire l’amalgame entre les actions du gouvernement et des initiatives privées. L’implication des Gouverneurs, (représentants du chef de l’État Abdourahamane Tiani), des Préfets, des chefs traditionnels et des autorités religieuses, peut se comprendre, si cela n’avait pas un côté un tantinet sélectif. Toute autre structure de la société civile bénéficierait-elle d’un accueil aussi chaleureux de la part des responsables précités ? Rien n’est moins sûr. Là où le bât blesse justement, c’est d’observer les énormes moyens qu’il faut déployer, par ces temps de vaches maigres. Une telle munificence que la DCTN déploie, au fil de ses actions onéreuses, ne cesse de surprendre tout le monde.
En fouinant partout, certains observateurs ont trouvé que la manne providentielle, a une seule et même source, qui n’a rien à voir avec le gouvernement en place. Autant le dire tout de go, les soupçons sont braqués sur Issoufou Mahamadou. Avec aplomb, certains l’affirment et disent même connaître les montants exacts offerts. Si tel était le cas, l’ex-président, devancier de Mohamed Bazoum, apparaîtrait comme un marionnettiste, qui tire les ficelles dans les coulisses, afin de se préparer un retour triomphal aux affaires ou placer un homme-lige. Soupçons justifiés ou procès d’intention ?
Des préjugements et des certitudes
Certes, Issoufou Mahamadou est accusé aujourd’hui, de tous les péchés d’Israël. À vrai dire, il serait prétentieux de vouloir le blanchir, sur tous les plans. Il est peut-être le premier à reconnaître certaines de ses erreurs et à les regretter. Certes, il faut aussi le dire, le sentiment général de la nation lui est hostile. Il est perçu comme un Co-président à qui on vient de faire un coup d’État, jugé salutaire. Si l’on en croit, ses contempteurs les plus virulents, son sort ne peut être différent de celui du président déchu. Quoi qu’il en soit, dans les circonstances actuelles, sauf événement hautement imprévisible, il serait utopique pour lui d’envisager un retour pur et simple dans un fauteuil présidentiel, à l’issue des élections post-transitions. Cela, irrémédiablement, décrédibiliserait l’aura de démocrate exemplaire que l’on essaye de lui attribuer. Tout au plus, pourrait-il espérer le placement dans des postes névralgiques de certains de ses proches et militants qui lui sont restés fidèles. Vous en doutez, très certainement. Personne ne peut vous enlevez votre doute. Hormis, les faits futurs.