Comme vous le savez, l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS) avait procédé le 2 janvier 2022 à l’arrestation du maire de Fachi (département de Bilma) et de son chauffeur, respectivement les sieurs Charou Ramadan et Abari Boukar. Ils avaient en leur possession, à bord d’un véhicule Hilux double cabine, 199 briques de cocaïne totalisant un poids de 214,635 kg, pour une valeur marchande d’environ onze (11) milliards de francs CFA. Un troisième protagoniste, un certain Sidi, sera appréhendé en septembre 2023. Un quatrième protagoniste, du nom de Malloum, lui, serait en fuite. C’est ce dernier qui aurait mis Sidi en contact avec Ramadan. Il a été proposé au maire une dizaine de millions de francs.
Cette affaire a été jugée ce jeudi 18 janvier 2024 devant le Pôle judiciaire spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée duTribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. A l’issue des débats, le ministère public, sur la base de preuves irréfutables (des enregistrements téléphoniques notamment) a requis quinze (15) ans de prison ferme contre chacun des troisaccusés. Le jugement est mis en délibéré pour ce 25 janvier.Aussitôt ces réquisitions connues, et bien avant d’ailleurs, l’on assiste à des tentatives souterraines aux fins de libérer Sidi des griffes de la justice. Celui-ci serait chargé de faire transiter les 214,635 kg de cocaïne venus du Mali voisin vers la Libye. Pour le transit ou le convoyage de drogue à travers le Sahara, les trafiquants faisaient appel au service de groupes criminels locaux. Dans ces fameux enregistrements téléphoniques, qui ont été versés au dossier judiciaire, il a été rapporté que l’on pouvait entendre le sieur Sidi rassurer son interlocuteur malien que la marchandise était dans de bonnes mains, entendez par-là le maire de Fachi.
Comme on le sait, les trafiquants de drogue ne laissent pas tomber les leurs. Des démarches seraient donc entreprises, via des intermédiaires, pour faire libérer Sidi le plus tôt possible. Pour ce faire, des espèces sonnantes et trébuchantes et/ou des véhicules 4×4 seraient-ils proposés ? Qui serait visé ?
Une chose est cependant sûre, le Parquet, lui, a joué sa partition, sans équivoque, dans ce dossier. Une autre chose est également sûre, le verdict prévu pour tomber ce jeudi 25 janvier est attendu avec impatience par l’opinion publique. Une opinion publique qui fait encore confiance en sa justice, même si l’affaire Goumour Abdika, encore fumante, est là pour lui rappeler de mauvais souvenir. Toutefois, eu égard à la quantité et à la qualité de la drogue saisie, et si le tribunal se conforme à sa propre jurisprudence, il ne pourrait que suivre le Parquet dans ses réquisitions. Par ailleurs, c’est l’image du Niger qui est en jeu, ce dossier étant suivi de près par Interpol.En outre, ce sont des agents publics qui mettaient leur vie en danger pour protéger notre pays de la criminalité transnationale organisée. « Le meilleur service qu’un juge puisse rendre au peuple, à l’institution judiciaire et à sa propre personne, c’est d’être véridique et intègre ».