Affaibli par les sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UEMOA, le Niger peine à rembourser sa dette sur le marché régional. L’UEMOA – Titres (Union monétaire ouest-africaine – Titres) a annoncé que le Niger vient de manquer un paiement de 23,3 milliards de francs CFA d’une obligation commerciale. Cela porte à 290,4 milliards de francs le total des paiements du principal et d’intérêts manqués depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023. Pour l’agence de notation financière Moody’s, ces paiements manqués par le gouvernement sont négatifs pour les banques du Niger et du reste de l’UEMOA. Ils posent en effet des risques de crédit et de liquidité pour les banques régionales, estime Moody’s dans une note datée de ce 19 janvier, où elle pointe toutefois un risque modéré.
Selon les estimations de l’agence, les banques nigériennes détiennent environ 326,7 milliards de francs CFA de dette souveraine du Niger, soit environ 14 % de leurs actifs. Quant aux institutions financières régionales (principalement les banques régionales), elles détenaient environ 80 % de l’encours de la dette souveraine nigérienne en monnaie locale émise par adjudication en septembre 2023. Les groupes panafricains EcobankTransnational, Oragroup, Attijariwafa Bank, Groupe Banque Centrale Populaire et Bank of Africa figurent parmi les banques les plus exposées. « Les retards de paiement font peser des risques importants sur la qualité des actifs, la rentabilité et le capital des banques régionales », commente l’agence américaine. « Si les arriérés de paiement, qui ont commencé le 31 juillet, persistent pendant plus de six mois, les banques régionales devront probablement classer leur exposition aux titres du gouvernement nigérien comme non performants. » Toutefois, les experts de Moody’s pointent un risque modéré, considérant que la BCEAO a jusqu’à présent continué à accepter ces obligations comme collatéral et un changement de politique serait négatif pour le crédit des banques régionales en raison des liens étroits entre les systèmes bancaires.