Dans un contexte de tensions croissantes entre le Niger et les institutions européennes, une décision sans précédent a été prise par les autorités de transition. Vendredi dernier, le général Mohamed Toumba, ministre d’État de l’Intérieur…, a ordonné l’expulsion d’une partie du personnel de la mission EUCAP-Sahel Niger, une opération civile de l’Union européenne (UE) dans notre pays.
La mise en œuvre de cette décision s’est faite avec une célérité remarquable : un ultimatum de 72 heures a été donnée pour l’expulsion des personnes concernées. Cette directive a été formalisée dans une lettre datée du 26 janvier 2024, adressée à la cheffe de la mission, la diplomate allemande Katja Dominik. Dans cette missive, le général Toumba a exprimé ses préoccupations concernant la présence de quinze (15) personnels militaires, lesquels, selon lui, étaient retournés à Niamey le 24 janvier 2024 sans en informer au préalable le gouvernement nigérien.
La tension entre le Niger et la mission EUCAP-Sahel s’est intensifiée lorsque la cheffe de la mission elle-même, Mme Dominik, a été refoulée à son arrivée à Niamey samedi soir dernier. Cette action est le reflet d’un malaise grandissant entre les autorités nigériennes et les représentants européens au Niger.
Il convient de rappeler que cette décision n’est pas survenue de manière isolée. En effet, le 4 décembre 2023, le ministre des Affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou Sangaré, avait déjà exprimé des réserves quant à la présence de la mission EUCAP-Sahel dans le pays, en annonçant la dénonciation de l’accord relatif à son statut, établi avec Bruxelles. À cette occasion, le CNSP avait accordé un délai de six (6) mois à la mission pour quitter le pays.
Depuis sa mise en place en 2012, la mission EUCAP-Sahel Niger, forte de plus de 120 personnels européens, a joué un rôle dans la formation des forces de sécurité intérieures nigériennes, contribuant ainsi à la stabilisation et à la sécurité dans une région marquée par des défis sécuritaires importants.
Toutefois, cette expulsion marque un tournant significatif dans les relations entre le Niger et l’Union européenne (UE), reflétant une volonté croissante d’autonomie et de contrôle des affaires intérieures par les autorités nigériennes.