Le vaste trafic international illicite d’or, à partir de l’aéroport international Diori-Hamani de Niamey, est entouré de nombreuses zones d’ombre. Pour rappel, ce sont quelque 1.400 kg de lingots d’or qui ont été saisis début janvier à l’aéroport d’Addis-Abeba, en Ethiopie, alors qu’ils transitaient vers les Emirats arabes unis. Alors que le Ministre de la Justice s’exprimait sur la question, jeudi 25 janvier, un service étatique nigérien effectuait une mission discrète à Addis-Abeba au sujet de la même question. Ce service avait procédé à quelques interpellations en lien avec ce dossier d’or. Pour les Ethiopiens, un éventuel rapatriement de l’or saisi devrait obéir à certaines procédures, car il s’agissait d’une affaire de criminalité transnationale organisée.
Et Interpol suit de près ladite affaire. Tout naturellement, cette mission dépêchée à Addis-Abeba est rentré bredouille à Niamey. L’on se rappelle que le Ministre de la Justice avait annoncé que « la procédure de rapatriement de cet or sera faite soit à travers la police, soit à travers les juridictions d’instruction par le biais des conventions judiciaires que nous pouvons avoir avec les pays dans lesquels se trouve cet or ». Et Alio Daouda d’ajouter : « Les personnes impliquées dans ce trafic vont être identifiées et, en cas de besoin, seront traduites devant les autorités judiciaires. » Mais ce ‘’besoin’’ ne fait pas l’ombre d’un doute, car il s’agit de lutter contre l’exportation illégale de l’or qui prive l’Etat d’importantes recettes fiscales. Quelle est l’origine de cet or ? L’ONG Transparency International Niger a dénoncé un « trafic illicite » vis-à-vis duquel les autorités maintiennent, selon elle, un certain « flou artistique ». Si cette affaire d’or n’est pas traitée comme il se doit, c’est-à-dire en toute transparence et objectivité, elle risquerait de créer une crise de confiance entre le peuple nigérien, qui a soif de justice et le CNSP, qui a pris l’engagement d’une reddition de compte totale.
Ce scandale d’exportation illégale d’or aurait-il un lien avec la récente suspension de l’octroi des titres miniers et les derniers permis accordés ? Selon Mme Yaou Fatimata Korgom, la secrétaire générale adjointe du Ministère en charge des Mines, cet « arrêt temporaire » doit permettre de faire un état des lieux des exploitations aurifères, principalement informelles, et d’inciter les orpailleurs artisanaux à se déclarer pour « repartir sur de nouvelles bases ».
« La plupart des sites d’orpaillage n’ont pas d’autorisation du ministère. (…) Si l’orpaillage est encadré, c’est une activité sur laquelle le pays et l’économie [pourront] compter », ajoute-t-elle.’’