Si l’on entend par ‘’ désengagement électoral’’, la tendance, que notent certains observateurs pessimistes qui attribuent à l’AES, une volonté latente de subordonner, le formalisme électoral, à la résolution des problèmes sécuritaires, on ne pourra, au mieux, que parler de procès d’intention, et au pire, faire le jeu des contempteurs de cette Alliance des Etats du Sahel. Délibérément ou inconsciemment. En réalité, ceux qui montent sur leurs grands chevaux, pour défendre, bec et ongles, les valeurs dites démocratiques, ne sont pas, pour la plupart, à blâmer, pour la simple raison, qu’ils sont réputés, à priori, sincères. La duperie que l’Occident leur met dans la bouche, et qu’ils ânonnent à longueurs d’années, n’a pas fait progresser nos Etats d’un pouce, depuis un demi-siècle, et ils ne s’en étonnent même pas… Pour eux, ce que le ‘’Blanc’’ dit, est paroles d’Evangiles ou versets du Saint Coran. IRM de leurs méandres cervicaux.
Démocratie tropicalisée
Sur le principe des libertés formelles et de la libre entreprise, le capitalisme a créé un système qui impose la prééminence de l’individu sur la collectivité, et partant, du Capital sur le Travail. Ce faisant, il assure ainsi son propre épanouissement. Il suffit d’un groupuscule d’hommes, nantis, ou aux postes névralgiques, pour pervertir les idéaux de base de la démocratie, qu’elle soit de type libéral ou populaire. Partout, dans le monde, l’appel aux urnes, a toujours été très délicat, dans sa pratique. Des esprits peu scrupuleux parviennent très souvent, à travestir la volonté des peuples, exprimée dans les urnes. Des sommes fantastiques sont périodiquement jetées par la fenêtre, pour des simulacres de consultations électorales, avec des résultats connus à l’avance. Il faut être d’une candeur, ou naïveté béate pour sacraliser ce concept, dont on ne parle plus, dans les pays supposés avancés. Non. C’est bon pour les gesticulations des séides dans les sociétés encore sous emprise. Soyons matures. Ne faisons pas d’un mirage, une réalité existentielle.
La posture de l’AES
Selon toute apparence, l’AES et en passe d’opter, par la force des choses, pour un processus révolutionnaire, avec tout son corollaire. Au plan de la démocratie de type libéral et des droits de l’Homme, plus ou moins formels, une parenthèse s’avère indispensable. Parle-t-on de démocratie et des droits de l’Homme, en plein champ de bataille, sous le feu nourri des assaillants ? Le moment ne s’y prête pas. Exactement, comme dans cette période extrêmement tendue, que vivent, les patriotes de l’AES. Une Elite compradore ne cesse de les asticoter par des amplifications médiatiques d’idées reçues, bien évidemment, réactionnaires, et totalement en déphasage avec nos profondes aspirations.
Ainsi, l’on peut comprendre, l’on doit comprendre, que dans ce contexte précis, et pour un exercice temporaire, notre liberté s’arrête, plus que jamais, là où commence celle du projet commun. Toute autre posture, d’office s’apparente, à la démobilisation, et au pire, à la trahison.
Moyen terme
Tout pouvoir sans garde-fou, aura tendance à verser dans l’excès, et à dériver vers une dictature injustifiable, de longue durée. Il importe donc, que ce pouvoir, soit escorté en toutes circonstances, de contre-pouvoirs vigilants, qui, rien que par leur simple existence, lui fixent des limites. Un peu comme ce serviteur, payé pour être toujours aux côtés de César, pour lui murmurer à l’oreille, inlassablement : « tu es un simple mortel ! » En clair, nous faisons allusion à une chambre des représentants du peuple qui pourrait exceptionnellement, accorder les pleins pouvoirs à une équipe en charge de la destinée commune. Désengagement électoral, avons-nous posé comme problématique ? La question est peut-être mal formulée. Nous aurons dû parler du chemin à baliser pour une démocratie ancrée dans nos réalités. Cela passe par la convocation des Etats généraux, que nous avons appelés Conseil National de la Transition et qui doit se muer en une assemblée constituante, chargée d’établir une nouvelle Constitution. Durant la phase des Etats généraux, la démocratie et ses avatars sont nécessairement mis sous tutelle, comme il se doit. Et si l’on se souvient du serment du jeu de paume (20 juin 1789) en France, on acceptera d’autant mieux, le vote des pleins pouvoirs temporaires (ceux qu’on accordait aux Dictateurs romains), à nos prétoriens en charge de notre avenir. En coordination, autant que faire se peut, avec les partis politiques.