Qui l’eut cru ? Nous avons en mémoire un Hama Amadou en très mauvais état physique, évacué sanitaire à Paris. Et nous l’avions, par la suite, vu et entendu au cours de certaines interviews réalisées dans la capitale française, toujours dans un état alarmant. Et croyez-le, nous ne parlons pas de lui, dans un esprit partisan, mais comme un cas d’école du politicien-phénix, oiseau mythique qui renaît de ses propres cendres. Renaissance, avons-nous dit ? Que dire d’autre quand tout le monde le donnait pour mort politique et qu’à son retour on constate qu’il reprend ses forces et s’apprête à entrer de plain-pied dans l’arène politique ? A l’heure actuelle, c’est un simple constat : plusieurs grands responsables politiques sont devenus aphones, indétectables par les radars. Un seul fait entendre sa voix sereine, sur les antennes des médias internationaux, sur les problèmes qui assaillent, en ce moment, notre pays : Hama Amadou. Au plan, combativité, dans le microcosme politique, s’il n’en reste qu’un, ce sera Hama Amadou, ci-devant Autorité Morale du Moden FA Loumana.
L’enfant prodige de Youri
Né en 1950, à Youri, petit village jouxtant Niamey, la capitale du Niger, il a toujours été perçu par ses compatriotes, depuis l’époque de Seyni Kountché, comme un bon second ou un bon directeur de cabinet. Très vite, il gravit tous les échelons pour être nommé Premier ministre de Tandja Mamadou de 1999 à 2007, un record de persévérance à ce poste exposé, mais aussi une bonne école pour se durcir dans le combat sans pitié que se livrent, inlassablement, nos politiciens de tout poil. Président de l’Assemblée Nationale de 2011 à 2015, date de sa fatidique brouille avec le PNDS-Tarayya et son leader, Issoufou Mahamadou, il a été auparavant, deux fois, Premier ministre. Il est réputé détenir une fabuleuse fortune investie dans des participations dans diverses affaires (banque, téléphonie mobile, etc.), il a cependant la particularité de cultiver des relations, en dents de scie, avec des hommes que lui-même a contribué à sortir de l’anonymat, ou fabriqué de toutes pièces. Citons, entre autres, Omar Hamidou Tchiana, Oumarou Dogari, et le fameux Zakaï. Mais, en réalité, sa descente aux enfers a commencé, quand il a voulu s’émanciper de ses tuteurs. Il vivra donc dans sa chair, l’expérience douloureuse de la maxime (vraie au sens propre, comme au sens figuré) : « il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne ». Dans la Rome antique, les traîtres étaient précipités dans la mer du haut de cet endroit, curieusement, non loin du Capitole.
Un retour gagnant
Il s’était exilé en France durant deux ans et demi, avec une dizaine d’accusations qui pesaient sur son dos. Il est rentré au pays le 11 septembre 2023, après que le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine, l’eut y mis les pieds à l’étrier, en déclarant, lors d’une conférence de presse, qu’il avait toute latitude de rentrer chez lui, sans crainte. Ce qui fut fait, illico et presto. En rentrant, l’enfant terrible de Youri, a proclamé qu’il adhérait aux idéaux et objectifs du CNSP. Pour ce faire, et être dans une dynamique optimale, il lui faut nécessairement une force de frappe indéniable. Quoi de mieux que d’essayer de reconstruire le MNSD original, qui, quoi qu’on en dise, couvrait la totalité du territoire nationale, transcendant ethnies, religions et régionalismes. Mais, la personnalité des leaders politiques aux avant-plans, comme Seyni Oumarou, Albadé Abouba, voire, Ladan Tchiana, autorise-t-elle une fusion harmonieuse entre eux tous, pour un objectif salvateur commun ? Le terrain seul, peut donner la réponse.
L’avenir du PNDS-Tarayya
Supposons que Hama Amadou puisse réussir à fédérer un nombre conséquent de partis politiques, ou, au mieux, rebâtir un MNSD reconstitué, il trouvera toujours en face de lui, un PNDS-Tarayya, teigneux, non prêt à rendre les armes facilement. Or, les plaies du passé, encore vivaces dans les esprits, risquent d’empêcher tout rapprochement, ou compétition ‘’ civilisée’’. Aujourd’hui, comme demain, le CNSP sera encore l’arbitre qui devra trancher, pour assurer, le bonheur du plus grand nombre de Nigériens. En attendant, Hama Amadou vit reclus à Cotonou depuis quelque temps.