Dans une interview exclusive accordée à la Radio et Télévision du Niger (RTN), le général Tiani a abordé avec une acuité remarquable les enjeux cruciaux auxquels le Sahel est confronté. Dans cette conversation captivante, le général a évoqué la récente rupture des pays sahéliens avec la CEDEAO, soulignant les raisons profondes et les implications de cette décision historique. Il a également discuté des défis sécuritaires régionaux, mettant en lumière la résilience et la détermination de l’Alliance des États du Sahel (AES) face à l’adversité. Le chef de l’Etat a exprimé avec passion sa vision pour un avenir autonome et prospère pour le Sahel, tout en analysant les dynamiques politiques et économiques qui redéfinissent la région. Cette interview, riche en enseignements, offre un aperçu précieux des stratégies et aspirations du Sahel dans un contexte géopolitique en pleine évolution.
Monsieur le Président, le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont sortis de la CEDEAO, comment en sommes-nous arrivés à cette rupture avec notre désormais ancienne communauté ?
Merci de l’opportunité une fois de plus pour nous de nous adresser au peuple non seulement nigérien mais également au peuple de l’Alliance des Etats du Sahel et aux Africains de façon générale. Je profiterai de cette interview pour avoir une pensée pieuse envers nos martyrs, les martyrs du terrorisme. Le terrorisme qui n’est pas seulement celui que nous connaissons, avec des armes sur le terrain, qui tue des militaires comme des civils, mais le terrorisme, des organisations également et des Etats étrangers. Nous avons une pensée pieuse envers ces martyrs, qu’ils soient civils ou militaires. Les martyrs du Niger, le martyr de l’Alliance des Etats du Sahel, qu’Allah Allah les accueille dans son paradis firdaws Il est important de rappeler, car comme dit le Coran, le rappel sauve l’âme. C’est quoi la CEDEAO ou c’était quoi la CEDEAO ? Parce que pour nous, à partir d’une certaine date, la CEDEAO avait cessé d’exister malheureusement. Peut-être que c’est la prise de conscience qui avait manqué pour faire face à l’évidence et prendre les décisions qui s’imposent ou qui s’imposaient. Nous avons quitté la CEDEAO parce que la CEDEAO n’était plus la CEDEAO des pères fondateurs. Je profiterai d’abord pour faire un rappel historique. Créée le 28 mai 1975, la CEDEAO avait des objectifs purement économiques et pour la prospérité des peuples. La CEDEAO avait des principes fondamentaux dont je citerai quelques-uns, notamment l’égalité et l’indépendance des Etats membres , la solidarité et l’autosuffisance collective, la non-agression, les droits de l’Homme, entre autres. Cette CEDEAO créée en 75 avec comme pères fondateurs : le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Togo, le Bénin, le Nigeria. Je fais exprès de finir par le Nigeria. Si vous voulez que je cite les chefs d’Etat à l’époque du Niger, c’était Seyni Kountché, du Mali. c’était Moussa Traoré, du Burkina Faso, c’était Aboubacar Sangoulé, Lamizana, du Togo, c’était Eyadéma et du Bénin, c’était Mathieu Kérékou et du Nigeria, c’est Yakubu Gowan. Je dis bien c’est Yacouba Gowan. Le Nigeria sortait d’une guerre civile dévastatrice qui avait fait plus de 2 millions de morts, 3 millions de réfugiés, 5 millions de déplacés. Et c’est dans ce contexte que ses frères, pour aider le Nigeria à se relever, à retrouver son unité entre la République Biafraise et la République du Nigeria, que ces chefs d’Etat que j’avais cités, ont eu l’idée de créer la CEDEAO avec comme principe ce que je venais de citer et avec comme objectif également fondamental qui est l’économique et la prospérité des peuples. Les uns disent que le Nigeria était la locomotive. Le Nigeria n’était pas la locomotive de la CEDEAO à la création. Puisque je viens de vous faire un peu le point de ce qu’était le Nigeria à la sortie de la guerre civile, quatre ans après la fin de la guerre civile catastrophique. Et qui était derrière cette guerre civile qui avait failli séparer le Nigeria en deux Républiques ? C’était la France. Si les gens ont la mémoire courte, au Niger nous n’avons pas cette mémoire courte.
La CEDEAO était pour les peuples à but purement économique. Il faut faire également un rappel pour que les gens comprennent ce qui se passe. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait. C’était la fin supposée de la guerre froide entre les deux blocs que vous connaissez. Sept ou huit mois après la chute du mur de Berlin, rappelez-vous de la rencontre de la BAULE, ce qu’on a appelé le fameux discours de La Baule. C’était du 19 au 21 juin 1990, où Mitterrand a rappelé aux Africains, 35 chefs d’Etat réunis, que ce n’est plus le fameux slogan amitié ou coopération, c’est désormais la démocratie qui est source du développement pour vous, les pays africains, qui est source de prospérité pour vous, les pays africains. Mais si Mitterrand avait fait cette annonce, c’est parce que Mitterrand à l’époque, avait cru avoir trouvé des nouveaux partenaires à travers les pays de l’Est, libérés ou supposés être libérés. La balkanisation de nos maigres Etats. Il avait pour objectif de ressusciter les instincts que les supposées dictatures ont su contenir bon gré, mal gré. Et c’était l’objectif, amener les États africains à ce qu’on avait appelé le multipartisme. Et vous vous rappelez, du 19 au 21 juin 90, le discours de La Baule devant 35 chefs d’Etat, vous vous rappelez la succession de 90 fin 90 à 91, des multipartismes, des conférences nationales qui avaient cours dans tous les Etats pratiquement francophones. Nous nous sommes retrouvés avec des pays à moins de 10 millions d’habitants, mais avec plus de 200 partis. Rappelez-vous en 1994, de la dévaluation. C’est des événements, c’est des faits qu’il faut mettre en commun. J’ai fait le rappel pour remettre les choses dans leur contexte. Il est temps que nous fassions pour le bien de nos peuples. La France, toujours à son habitude, avait utilisé des pays africains, précisément certains pays de la CEDEAO, pour initier une agression, une guerre pour soit disant rétablir Bazoum au pouvoir. Les conséquences de ces actions sont connues. C’était le 30 juillet, la rencontre d’Abuja où il a été décidé, quatre jours après le coup d’Etat, sans consultation aucune et contrairement aux règles de la CEDEAO, il a été question de mettre un embargo total au peuple nigérien dont nous connaissons les conséquences. Non pas que pour le peuple nigérien, mais pour l’ensemble des peuples de la CEDEAO, même si les gens ne veulent pas reconnaître cette évidence. Nous avons passé par toutes les phases pour que l’embargo soit levé, pour renouer le dialogue qui devait être la première étape qui correspond à l’un des principes de la CEDEAO. Vous avez vu les va et vient des délégations de la CEDEAO, des chefs traditionnels et de toutes autres autorités pour renouer le dialogue, les sacrifices que nous avons consentis non seulement en termes de durée de la transition, en termes de chronogramme de la transition, même si certains l’ignorent, mais que ceux qui étaient venus vers nous au nom de la CEDEAO ou au nom de leur propre pays ou à leur propre initiative, savaient les sacrifices que nous avons consentis . Depuis juillet, 2 jours après le coup d’Etat, j’avais ordonné de libérer la famille de Bazoum, c’est lui même qui a demandé que sa famille reste avec lui.
Nous avons accepté la durée de la transition. Et vous vous rappelez le 8 décembre, 2 jours avant la rencontre du 10 décembre à Abuja, j’étais au Togo, à Lomé. Au cours de l’entretien avec son Excellence Faure, j’avais dit que le Niger est disposé à toute durée, qu’il juge être la durée qui permettra de lever l’embargo contre notre pays. Et vous vous rappelez, le président Macron était sorti trois semaines avant pour dire que l’embargo contre le Niger ne sera pas levé tant que Bazoum sera otage de la junte. Pour nous, dès lors, et je l’ai dit lors de notre entretien, puisque à l’issue de la rencontre, c’était la principale condition des Etats marionnettes de la CEDEAO : libérer Bazoum ou rien ! Vous vous rappelez, le ministre des Affaires étrangères du Nigeria était parti à Londres pour le dire sur les ondes de la BBC, que s’ils veulent qu’on lève l’embargo, ils n’ont pas d’autre choix que de libérer Bazoum. Mais je rappelle que, Youssouf Tuggar ne décide pas de la politique ou de la diplomatie du Niger. Il est ministre des Affaires étrangères du Nigeria et non du Niger. Il n’est pas ministre des Affaires étrangères de la CEDEAO et il ne peut, avec le sens de la modestie, de la courtoisie, décider de ce qui doit être appliqué au peuple nigérien. Pour répondre exactement à votre question, trois raisons nous ont amenés à quitter la CEDEAO. La première raison est sécuritaire. La Cédéao a menacé le Niger d’une agression militaire armée. Nous ne pouvons pas permettre, nous ne pouvons pas porter sur notre conscience, le poids des massacres des Nigériens. La deuxième raison, elle est morale et éthique. Le peuple nigérien a été dépourvu de tout. Les produits pharmaceutiques, le minimum vital, l’énergie électrique. Saurions nous continuer à accepter que des Nigériens meurent parce que nous sommes dans une organisation qui ne correspond plus à la réalité depuis 1991, quand on avait introduit un chapitre le 6 juillet exactement, qu’ils ont appelé la Déclaration des principes politiques ? Devons nous permettre que des Nigériens continuent à mourir pour permettre à certains individus d’assouvir leurs volontés ou leurs calculs ou leurs desseins politiques ? Non. Donc, c’est cette deuxième raison éthique et morale qui nous a conduits à ce que nous avons fait dans la volonté des Pères fondateurs. Qu’aurions nous gagné en restant dans une CEDEAO où nous sommes sous embargo total, embargo économique, économique qui est l’objectif initial de la CEDEAO, embargo monétaire ou nos dépôts à la BCEAO sont confisqués en 2023 ? Pourrions nous continuer à rester dans cette organisation ? Nous avons décidé, il est temps de sortir de cette organisation de laquelle les Etats auraient dû sortir depuis 1991 au lendemain du discours de La Baule, parce que c’est à partir de là que la France avait pris le contrôle de notre organisation et qui ne répondait plus à l’esprit initial ayant conduit à la création de la CEDEAO le 28 mai 1975. Voilà les trois raisons fondamentales qui ont conduit les pays membres de l’AES, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, à sortir de cette organisation pour tracer notre voie et tracer notre destin ensemble avec nos peuples et les Africains et partenaires sincères.
Monsieur le Président, en quittant la CEDEAO, nos pays ont certainement anticipé les conséquences de cette décision. Conséquences en termes de libre circulation des biens et des personnes, en termes de séjour de nos compatriotes dans l’espace CEDEAO. En termes enfin économiques et politiques, que pouvons-nous retenir ?
Vous savez, je le dis, la CEDEAO a été créée le 28 mai 1975. Nos Etats étaient-ils indépendants le 28 mai 1975 ou avant ? Nos peuples existaient ils ? Où avaient-ils commencé à exister avant 1975, oui ou non ? Des millénaires, en termes de circulation des personnes, rappelez-vous, la majorité des Etats de la CEDEAO ont acquis leur indépendance en 1960.
Mais de 1960 déjà en 1975, il y avait au moins quinze ans. A prendre juste ce petit laps de temps, quinze ans que ces populations-là cohabitaient. Mais avant les indépendances, puisque les indépendances étaient les conséquences de la colonisation. Avant la colonisation, les peuples africains vivaient ensemble. Pour prendre l’exemple du Nigéria, du Bornou jusqu’à Kébbi, c’était était au Niger, il y a plus de 2000 ans. Il y a des traces. Donc c’est des peuples qui ont toujours évolué sans tenir compte des frontières puisqu’il n’y avait pas de frontières. Sachez qu’avant la pénétration coloniale, nous avons cessé même le mode de gestion des États sous forme d’empires ou de royaumes d’abord, ensuite de regroupements pour constituer des grands empires. Nous étions, pour le cas du Niger, particulièrement dans la gestion des États en tant que Sultanat. Rappelez vous qu’on parlait du Sultanat de Borno, du Sultanat de Kaduna, du Gobir et de l’empire peul de Sokoto d’Ousmane Dan Fodio qui est une figure de la religion islamique. C’est ce que les gens ignorent. Donc nos peuples étaient brassés. Prenez le Nord Bénin, c’était l’ancien empire Songhaï. Nous ne sommes pas ignorants ou analphabètes de l’histoire. Ces peuples là ont cohabité. La CEDEAO, c’est combien d’Etats à l’heure actuelle ? Quinze. l’Afrique, c’est combien d’Etats ? 54. N’y a t il pas des Nigériens dans les autres pays de l’Afrique ? Comment est ce qu’ils vivent ? Ne se déplacent ils pas ? Ne trouvent-ils pas leur subsistance dans ces autres pays qui ne sont pas des pays de la CEDEAO ? Bien sûr que oui, et même parmi les pays de la CEDEAO, quels sont ces pays les plus illustres entre parenthèses, pour faire la guerre au Niger ? Qui sont-ils ? C’est un Tinubu du Nigéria, c’est Talon du Bénin, c’est Ouattara de la Côte d’Ivoire et Macky Sall du Sénégal jusqu’à un certain moment. Donc pour ce qui est de la libre circulation des personnes et des biens, n’ayez aucun souci. Les Africains ont circulé, ça fait partie de la nature humaine, la mobilité. Aucune frontière coloniale ne saurait arrêter les êtres humains dans leur instinct migratoire. Les peuples vont continuer parce que eux, ils sont au-dessus des chefs d’États égoïstes, individualistes. Les peuples sont des peuples matures, qui comprennent le sens de l’histoire parce qu’ils ont l’histoire en eux. Ils savent les relations de l’Alliance des Etats du Sahel. Sur le plan économique et politique, quel était le taux d’échanges entre les Etats de la CEDEAO ? Vous me direz qu’il est marginal. Il suffit que l’Inde décide de ne plus permettre l’exportation, la CEDEAO se retrouve à terre en train de chercher comment, par quelles voies passer pour nourrir les peuples. Ce n’est pas une caractéristique propre aux Etats de l’Alliance du Sahel. Prenez 1 à 1 tous ces Etats zélés qui veulent nous faire la guerre et étudier leur économie pour voir la dépendance de cette dernière avec les autres organisations. Mais ce n’étaient pas des organisations et ce ne sont pas des organisations dans le cadre de la CEDEAO. Nous importons tous de l’Inde, de la Chine, des Etats-Unis, du Pakistan, de la Turquie, tous les biens. De façon générale, nous importons au sein des pays non pas de la CEDEAO, mais d’autres structures puisque ce que je dis le monde est un village planétaire. Ceci est une évidence que les pays de la CEDEAO le reconnaissent ou non. Pour ce que du domaine politique, rassurez vous que, à travers l’Alliance des Etats du Sahel que les gens semblent mépriser, ridiculiser, jusqu’à considérer que c’est une alliance fantôme est une alliance physique. Et le physique, le réel ne saurait être fantôme. Ce sont les fantômes qui voient les fantômes. Les humains voient les humains. Les humains peuvent à la limite voir les fantômes. Mais ça, c’est Dieu qui décide. Mais rassurez-vous, dans le domaine politique, personne n’utilisera le Niger ou l’Alliance des Etats du Sahel pour assouvir ses dessins personnels. Rassurez-vous, Tinubu veut avoir une assise populaire à travers la martyrisation du peuple nigérien. Mais martyriser le peuple nigérien, c’est martyriser le peuple frère du Nigeria. Et je reste convaincu que le peuple frère du Nigeria ne laissera pas passer. Talon veut avoir un deuxième ou troisième mandat à travers sa rigueur ou son zèle vis à vis de l’AES ou du Niger, particulièrement en fermant la frontière sous l’injonction du Maître, tout comme Talon se trompe. S’il doit servir le peuple béninois, qu’il le serve. Et c’est à travers ça que le peuple béninois décidera de lui accorder un troisième mandat. S’il juge que ce qu’il a fait jusqu’ici mérite un troisième mandat. Ouattara veut passer la main ou faire un quatrième mandat. A travers ça, il faut qu’il prouve au Maître qu’il est digne de confiance. Le Niger est un pays indépendant. Le Niger, c’est un pays de Royaumes, d’empires et de sultanats. Je le dis il y a des milliers d’années, ce n’est pas à travers le Niger que les gens vont assouvir leur destin politique. Macky Sall voulait un troisième mandat. Le peuple sénégalais avait montré une fois de plus sa maturité politique pour dire qu’il n’y aura pas de troisième mandat. Nous n’avons pas la mémoire courte, même si nous ne sommes pas au Sénégal, nous suivons l’évolution Face à l’évidence, Macky Sall a abandonné cette velléité de s’octroyer un troisième mandat et, à contrecœur, permis que les listes soient ouvertes, permis que des candidats soient retenus. Les élections c’est pour quand ? vous vous rappelez la date ? Et vous vous rappelez la sortie il y a moins d’une semaine ? Et qu’est cequ’il en est ? Où en sommes-nous ? Voilà, ils se sont évanouis à travers la mobilisation du peuple sénégalais. Donc rassurez-vous que l’AES vise à la libre circulation des personnes et des biens
Par rapport à ces organisations, quelles perspectives s’offrent vraiment à nous ?
Mais nos perspectives ne peuvent être que meilleures. Qu’aurions-nous gagné en restant dans la CEDEAO ? J’ai fait le rappel. Nous nous sommes retrouvés avec un terrorisme activé. Nous connaissons qui sont derrière ces mouvements terroristes, que ce soient les terroristes qui sont sur le terrain avec des armes et que ce soient les États terroristes qui veulent, comme je viens de le dire, atteindre des objectifs des États du Sahel. Nous sommes une alliance qui a une vision claire. Nous avons quitté la CEDEAO, ce n’est pas sur un coup de tête. Nous avons quitté la CEDEAO pour renforcer cette alliance parce que nous avons une vision claire de ce qui peut conduire nos peuples vers la prospérité, à laquelle ils ont toujours espéré, ramener la sécurité dans notre espace troublé, pour que nos richesses ne soient pas pillées. Inch’Allah !
Nous allons réussir cette première phase et nous sommes sur le point de la réussir. Chacun peut apprécier les résultats obtenus. Le deuxième point, le cheval de bataille que nous avons enfourché, c’est celui de la bonne gouvernance. Après cette prospérité économique, nous devons trouver ensemble quels sont les mécanismes qui nous permettent de renforcer les échanges au sein de notre alliance. Que ce soient des alliances des Etats du Sahel, soit effectivement, comme nous l’avons souhaité, une zone de prospérité et non une zone d’insécurité. C’est des étapes qui conduiront à une véritable intégration politique, débarrassée de toute menace d’un Etat envers un autre. Voilà en quelques mots ce que nous pensons mettre en place. Il n’y aura pas de chaos. Les pays de l’Alliance du Sahel seront prospères inchallah et ceci est inévitable.
L’Union Économique et monétaire ouest africain (UEMOA), avoir notre propre monnaie qui est tant attendu par nos peuples, monsieur le président.
Des membres continuent à être membres de la communauté. Nous sommes sortis, avant nous, la Mauritanie était sortie, même si c’est pas dans les mêmes souverainetés. Nous sommes engagés dans un processus de recouvrement. Ouvrir l’armoire de l’histoire, de l’histoire récente des Etats, les analyser, les évaluer de nos peuples. Il n’est plus question. La France nous a spoliés plus de 107 ans. De pillage systématique de nos ressources.
Commençons par la première. À la mi janvier, le Premier ministre Lamine Zeine a effectué une série de missions qui l’ont conduit notamment en Russie, en Iran et tout dernièrement en Turquie. Quels sont les sens et les retombées de cette mission ?
À travers la dynastie des Dia, la dynastie des Soni, la dynastie des Askia avait cessé d’exister en tant Qu’empire prospère en 1591. Le sultanat du Bornou avec ces territoires aujourd’hui qu’on appelle le Niger vers 1774. C’est pas encore la Révolution française. Donc nous connaissons l’histoire. Nous ne sommes pas analphabètes. Le Niger, question de ses intérêts et des intérêts du peuple nigérien, des peuples de l’AES et de façon globale. Et pour cela, personne ne nous dira vers qui nous devons ou non aller. Nos orientations, la volonté d’un maître ou d’un supposé maître, le Niger ou pas. Nos intérêts et nos intérêts font partie des solutions à notre sortie de la CEDEAO parce que nos intérêts ont cessé d’être pris en compte au sein de la CEDEAO, nous avons quitté la CEDEAO. Nous serons prêts à nouer le plus théorique qui n’est plus que sur papier mais dans le respect mutuel, contrairement à ce que les Français veulent nous imposer. Pour vous donner une idée du mépris, lorsque nous étions dans les moments les plus tendus, un pays de l’Union européenne a sollicité un apaisement avec le Niger et proposer en position conflictuelle d’aller vers le Niger. Vous savez ce que Macron a répondu : le Niger appartient à la France et c’est pas à vous. Si le pays se reconnaît, il se reconnaît. Le Niger appartient à la France et ça c’est Macron qui le dit, c’est Macron l’ignorant de l’histoire.
Et pour finir, de l’or serait sorti du Niger et saisi en Éthiopie, qu’en est-il exactement, Monsieur le Président ?
Nous devons réfléchir avant de donner écho à certains propos. Jusqu’au 26 juillet 2023, le Niger exportait l’or de façon anarchique. Allez- y au ministère des Mines voir quelles sont les misères que l’État nigérien avait récoltées. Mais c’était fait sciemment, puisque ces détenteurs des mines d’or n’étaient autre que les ténors de ce régime que nous avons renversé. Allez-y au ministère des Mines chercher les permis de recherche que le président du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie ou tout autre membre du Conseil national ou du gouvernement a déposé. Ce n’est pas le cas du régime que nous avons renversé. Nous le savons, dans le Diamaré, nous savons qu’il y a des mines d’or. Dans la zone de Tabarakat, de Djado et de Hamazguel, nous savons qui sont les ténors ou qui étaient ces ténors du régime déchu qui avaient des mines d’or. Il faut que les gens sachent réfléchir. Nous sommes inscrits dans un sens de la marche de l’histoire de notre pays qui ne plaît pas à tout le monde. Et les gens sont prêts à tout pour nous divertir. Dieu merci ! Ils ne sont pas parvenus, mais ça ne veut pas dire qu’ils vont arrêter.
C’est dans ce sens que s’inscrit cette affaire de saisie d’une tonne 578 kilos avec précision, de 23 tonnes avec précision en Éthiopie, dont même les autorités éthiopiennes n’ont pas vu la couleur de cet or. Le Niger a certes exporté de l’or à un moment bien précis de son histoire, comme je le dis, qui a commencé de façon anarchique depuis 1984 et qui s’est poursuivi jusqu’au 26 juillet 2023. A notre arrivée, nous avons dit trop de permis ont été octroyés et d’autres permis, ce sont les ténors même qui ont abusivement utilisé le pouvoir avec des sociétés comme Afrik or-, Radix et tant d’autres, ça ne plaît pas à ceux qui se sont enrichis de façon honteuse sur la misère des Nigériens. Ces gens seront prêts à tout et feront tout pour nous déstabiliser. (à suivre…)