Depuis plusieurs années, l’Afrique de l’Ouest est devenue une zone de transit pour les drogues produites en Amérique latine et destinées à l’Europe. Un réseau de trafics s’est tissé à travers le Sahel, qui s’étend sur près de 6.000 kilomètres de l’océan Atlantique à la mer Rouge et abrite plus de 300 millions de personnes. Au Niger, il ne se passe plus un moissans que des stupéfiants ne soient saisis sur le territoire national. En 2018, l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS) avait démantelé, à Niamey,deux laboratoires clandestins de fabrication de crack (une drogue de synthèse produite à partir de la cocaïne).
Des chiffres alarmants
En 2023, l’OCRTIS a démantelé plusieurs réseaux nationaux et transnationaux de trafics de drogues. Et les saisies ont été plus importantes qu’en 2022. Pour ce qui est de l’herbe de cannabis : 10,761 tonnes sont saisies contre 4,27 tonnes en 2022, soit une hausse de 151,61% ; résine de cannabis : 77,528 kg contre 10,467 kg en 2022, soit une hausse de 640,68% ; crack : 08,5 kg contre 01,197 kg en 2022, soit une hausse de 610,10% ; héroïne : 11,41 kg contre 02,84 kg en 2022, soit une hausse de 301,44%. Pour ce qui est des stupéfiants sous forme de comprimés, l’OCRTIS a saisi, toujours en 2023, de l’Exol : 845.321 comprimés contre 499.968 comprimés en 2022, soit une hausse de 69,07% ; du Diazépam : 2.442.726 comprimés contre 810.040 comprimés en 2022, soit une hausse de 201,55% ; du Rohypnol : 1.258 comprimés contre 1.015 comprimés en 2022, soit une hausse de 23,94% ; du Rivotril : 60 comprimés contre 120 comprimés en 2022, soit une hausse de 100% ; et de la Codéine sirop : 51,84 litres contre 33,86 litres en 2022, soit une hausse de 53,10%.
Par contre, on observe une baisse des quantités saisies des drogues ci-après : Cocaïne : 61,63 kg contre 216,852 kg en 2022, soit une baisse de 71,57% ; Métamphétamine : 00 kg contre 1,436 kg en 2022, soit une baisse de 100% ; Tramadol : 2.354.597 comprimés contre 2.579.191 comprimés en 2022, soit une baisse de 8,70%. Peut-être que la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays est passée par là. Il est à noter que ces données ne tiennent pas compte des saisies effectuées par la Douane et la Garde Nationale. Ces deux corps ne produisent-ils pas des statistiques ?
La valeur marchande de toutes les drogues saisies est estimée à 20.920.877.950 francs CFA. C’est dire toute l’ampleur de la criminalité liée au trafic de drogue. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse significative des saisies de drogues : le renforcement des contrôles notamment sur les camions et autres moyens de transport utilisés fréquemment par les trafiquants ; la faiblesse des réponses pénales ; la démission des parents dans l’éducation et le suivi de leurs enfants, etc.
6.061 personnes interpellées dont 33 agents des FDS
Les saisies de drogues opérées en 2023 ont conduit à l’interpellation de 6.061 personnes dont une bonne partie pour consommation de drogue (elles étaient au nombre de 5.532 en 2022). On dénombre 5.584 Nigériens et 477 étrangers de diverses nationalités. La répartition des personnes interpellées selon les branches d’activités donne ceci : les revendeurs/commerçants (1.839 individus) ; les sans-emplois(800), les chauffeurs/apprentis (546), les élèves/étudiants (294), les orpailleurs (117) ; les FDS (33, transport de drogue) ; les enseignants (17). Et ces personnes sont presque toutes des jeunes au regard de leur âge : 295 d’entre elles ont moins de 18 ans, soit 4,86 % ; 3.531 ont un âge compris entre 18 et 29 ans, soit 58,25% ; les 30 à 39 ans sont au nombre de 1.562 individus, soit 25,77% ; les 40 ans à plus sont au nombre de 673 individus, soit 11,1%. Et une bonne partie des personnes interpellées consommaient de la drogue. Ce qui constitue un problème de santé publique en l’absence d’un centre spécialisé de prise en charge des addictions liées aux drogues.
L’OCRTIS, le rempart qu’il faille renforcer
La vente et le trafic de drogue constituent un problème de sécurité publique (développement de la criminalité,blanchiment de capitaux, financement du terrorisme, trafic d’armes et de migrants etc.). Et cela a un impact sur le développement économique et social du pays. Mais le principal service de lutte contre le trafic de drogue, c’est-à-dire l’OCRTIS, fait face à un manque de moyens : humains, matériels, financiers, etc. Ce qui ne l’empêche de réaliser de grandes choses. A chaque saisie de drogue, les autorités politiques et/ou judiciaires ne manquent pas de féliciter et d’encourager ses agents, qui, sous le leadership de leur Directeur, le Commissaire Général Boubacar Issaka Oumarou, accomplissent leur mission avec dévouement et intégrité.C’est dire que l’Etat doit renforcer son appui à l’OCRTIS. Il y va de l’efficacité de la lutte contre le phénomène de drogue au Niger.