Après la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Niger, décidée le 24 février 2024, tout le monde s’attendait à un ‘’ happy end’’ entre notre pays et les va-t’en guerre de l’organisation sous régionale. Erreur. Grossière erreur. On ne peut pas faire souffrir des millions d’âmes pendant sept mois et espérer qu’il n’y ait pas de séquelles. Une seule chose est sûre et certaine, le Niger, et par extension l’AES, n’est pas prêt à retrouver le giron de la CEDEAO. Qui dit obédience de la CEDEAO, a dit obédience de la France, tant l’organisation susdite est sous l’emprise de l’Hexagone. Pour deux raisons essentielles, d’abord le président de la République fédérale du Nigéria , Bola Tinubu, est aussi le président en exercice de l’organisme sous régional ( qui pèse économiquement plus 70% du poids total de l’ensemble), mais aussi du fait que l’air du temps, propice à la lubie d’ Emmanuel Macron, qui en avait assez de l’espace francophone, attendait de s’aventurer gaillardement dans l’espace Anglophone, voire aussi lusophone. Par ailleurs, des archétypes de valet du néocolonialisme, comme Patrice Talon et Alassane Dramane Ouattara, n’ont rien à refuser au président français, fût-il, de tout évidence, à côté de ses pompes. Quand à Macky Sall, plus caméléon que lui, tu meurs !
Retour impossible au statu quo ante
Pour rien au monde, les pays de l’AES ne feront marche arrière. Ils ne retourneront pas dans la CEDEAO quoi qu’il advienne. Ils escompteront plutôt que d’autres pays de la CEDEAO viennent grossir leurs rangs. C’est d’ailleurs ce que tout le monde entrevoit. Pour le moment, il faut espérer une coexistence, la plus intelligente possible, entre la CEDEAO et la confédération des États Sahéliens.
L’impact d’une confédération
Après avoir largué les amarres qui la rattachaient à l’organisation sous régionale CEDEAO, l’AES n’a plus que le choix de renforcer sa propre existence en étant aussi un pôle attractif. Pour ce faire, l’Alliance des États du Sahel (AES) va dans les jours qui viennent se doter des instruments juridiques qui feront d’elle une confédération ouverte aux autres pays Africains partageant ses objectifs et ses idéaux. Il apparaît ainsi que tôt ou tard un fossé se creusera entre la CEDEAO et la fédération des États du Sahel. L’antinomie pourra atteindre certains sommets que nul ne peut prévoir dès aujourd’hui. Si l’on tient compte de l’intrusion de la géopolitique dans l’équation, pour nous Sahéliens, les antagonismes vont s’exacerber et créer des situations ingérables. En réalité, il faut le craindre, nous allons servir de terrain de chasse aux croisements des intérêts étrangers véhiculés par les USA, L’Europe, la Chine, la Russie, et certains autres pays du BRICS. Il ne pouvait en être autrement, étant donné les richesses extraordinaires que recèlent nos sous-sols, richesses convoitées par des puissances qui n’ont souvent pas d‘état d’âme. Aussi bien pour la confédération des États du Sahel, en vue, tout comme pour la CEDEAO et même toute l’Afrique subsaharienne, nous entrons dans des années de braises. Pour la simple et unique raison que nous avons sous nos pieds des trésors ardemment convoités par plus puissants que nous. Que faire pour conjurer cette malédiction ?
Grandeur et servitudes de la souveraineté
Tout le monde traite avec la Russie et la Chine. Que ce soit les USA, l’Europe ou le Canada, des accords commerciaux, scientifiques et autres existent entre ces pays . Il se trouve que les pays de l’AES ( que nous pouvons commencer à appeler, la confédération du Sahel), sont interdits de rapports similaires. Au nom de quel principe, national ou international ? Au bout du compte, toute réflexion faite, nous sommes invités à choisir un camp. Pro-occidental ou anti-occidental. Pour nous, pays du Sud, l’ambiguïté n’est pas autorisée. Ou c’est blanc, ou c’est noir. Le manichéisme n’est valable que pour nous, mais pas pour eux, les Occidentaux. Ceux qui ont lutté ardemment pour revendiquer leur souveraineté, en somme leur liberté, devraient être applaudis et encouragés par le monde occidental, même si à la base, c’est contre eux, au nom du principe sacré de la liberté dont ils disent être les chantres à travers le monde. C’est le moment de le prouver. En nous laissant choisir nos partenaires, quels qu’ils soient, comme bon nous semble. Autrement, nous serions portés à croire que visage pâle a la langue fourchue.