Le CNSP maintient un silence notable malgré la levée des sanctions économiques et financières contre le Niger par la CEDEAO. Cette posture peut s’expliquer par plusieurs raisons stratégiques et politiques.
Tout d’abord, il est essentiel de comprendre la psychologie et la dynamique qui sous-tendent le comportement de la junte militaire. Après un coup d’État, les régimes militaires cherchent généralement à consolider leur pouvoir et à asseoir leur légitimité, tant au niveau national qu’international. Le silence maintenu par le CNSP pourrait être une stratégie délibérée visant à renforcer leur position interne, afin d’éviter de montrer une quelconque forme de faiblesse ou de dépendance vis-à-vis des décisions de la CEDEAO. En ne réagissant pas immédiatement, le CNSP démontre une forme d’autonomie et de résilience, soulignant ainsi sa capacité à se maintenir au pouvoir sans se soumettre aux pressions extérieures.
Ensuite, ce silence peut également refléter une méfiance persistante à l’égard de la CEDEAO et de ses intentions. Après des mois de tensions et la menace d’une intervention armée, le CNSP pourrait percevoir la levée des sanctions non pas comme un geste de bonne volonté, mais plutôt comme une manœuvre tactique de la part de la CEDEAO. Dans ce contexte, la junte pourrait choisir de rester silencieuse en attendant des garanties plus solides concernant l’autonomie et la souveraineté du Niger.
Il est également possible que la junte militaire évalue les répercussions potentielles d’une réouverture rapide des frontières et d’une normalisation des relations avec les pays voisins. Dans ce contexte, la prudence peut être de mise, notamment en ce qui concerne la sécurité nationale et la stabilité intérieure. Le CNSP pourrait craindre que la réouverture précipitée des frontières ne facilite l’infiltration d’éléments hostiles ou déstabilisateurs, ce qui justifierait une approche plus réfléchie et mesurée.
En outre, il est possible que le CNSP évalue actuellement ses alliances régionales, notamment avec les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), afin de déterminer la meilleure voie à suivre. La décision de maintenir le silence pourrait donc être un moyen de peser soigneusement les implications de toute réaction, tant sur le plan régional que sur le plan international.
Enfin, il est important de considérer l’aspect de la communication stratégique. Le CNSP pourrait être en train d’élaborer une réponse soigneusement planifiée, destinée à maximiser l’impact politique et diplomatique de sa réaction.
En somme, le silence du CNSP après la levée des sanctions s’inscrit dans une stratégie complexe de consolidation du pouvoir, de redéfinition des relations régionales, et de préservation de la sécurité et de la stabilité nationales. Cette attitude témoigne de la volonté du régime militaire de naviguer habilement dans un contexte régional complexe et changeant.