La création du Fonds pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dans un élan de solidarité nationale, s’est révélée être une initiative louable en théorie. Il avait initialement suscité un élan de solidarité notable au sein de la population nigérienne, aussi bien au sein de la diaspora qu’au niveau local. Cependant, au fil du temps, la gestion de ce fonds soulève des questions cruciales quant à sa transparence et son efficacité.
Premièrement, l’opacité totale dans laquelle ce fonds semble aujourd’hui enveloppé. Si l’enthousiasme initial pour contribuer à ce fonds témoignait de la volonté de soutenir les efforts nationaux, l’absence de reddition de comptes claire et détaillée quant à l’utilisation des fonds est une trahison de la confiance publique. Les donateurs, ayant généreusement participé, sont en droit d’exiger une transparence complète sur l’allocation et l’usage des ressources collectées. Au lieu de cela, les contributeurs, ayant donné généreusement, sont laissés dans l’ignorance quant à l’utilisation concrète de leur apport.
Deuxièmement, l’achat controversé de 160 véhicules 4×4 pour les FDS, représentant une dépense astronomique de 4 milliards 800 millions, est particulièrement alarmant. Cette opération, constituant une part importante des fonds, ne serait-il pas un détournement des objectifs premiers du FSSP, qui était destiné à soulager les couches les plus défavorisées de la population ?
Enfin, avec la levée récente des sanctions imposées par la CEDEAO et l’UEMOA et la réouverture des frontières, la pertinence même du FSSP est remise en question. Le contexte économique et politique qui avait justifié sa création a évoluérendant nécessaire une réévaluation des mécanismes de solidarité et de soutien aux populations. Il est impératif que les autorités nigériennes se concentrent sur des politiques visant à améliorer le bien-être des citoyens, plutôt que de perpétuer une collecte de fonds dont l’utilité et l’efficacité ne sont plus démontrées et qui semble dériver vers des usages peu justifiables et éloignés des besoins réels de la population.
En conclusion, non seulement le FSSP a failli à sa mission initiale de transparence et de soutien aux plus démunis, mais dans le contexte actuel de détente politique et économique, il est devenu un instrument obsolète et inapproprié. Les contributions à ce fonds devraient cesser, et les efforts doivent être redirigés vers des initiatives plus transparentes, équitables et alignées sur les besoins réels des Nigériens.