Anthony Blinken, le Secrétaire d’Etat aux Affaires Étrangères des États-Unis d’Amérique, après le coup de colère des Nigériens dénonçant les accords de coopération militaire entre notre pays et l’Oncle Sam, a déclaré sur un ton plutôt conciliant : « qu’il est vrai qu’il y a eu des échanges assez directs, qui reflétaient les préoccupations de la partie américaine, mais que, pour autant, on ne peut pas dire que le dialogue soit interrompu ! »
Dans la bouche d’un diplomate chevronné de la trempe de Blinken, il faut comprendre que ses compatriotes n’ont pas eu leurs langues dans leurs poches, ce qui, bien évidemment, pour un sujet susceptible déjà sur la défensive, peut paraître, pour le moins, condescendant, pour ne pas dire menaçant.
A notre avis, si c’était Anthony Blinken lui-même, ou un Henry Kissinger, cornaquant la délégation US, en lieu et place de Madame Molly Phee, croyez-nous, les choses se seraient passées à l’amiable, de manière feutrée, sans tout ce ramdam.
Une illégalité indéniable
Les autorités de la transition ont bien eu raison de relever l’aspect illégal de l’installation des bases étrangères au Niger. L’on se souvient que c’est ce même Anthony Blinken, subodorant un accroc éventuel, qui pressait les Français de légaliser leur présence et l’installation de leurs bases permanentes, aussi bien au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Au lieu de suivre ce sage conseil, le président français, Emmanuel Macron n’a rien trouvé de mieux que de convoquer les chefs d’Etat- marionnettes en France, pour que ceux-ci clament à la face du monde qu’ils sont d’accord, mille fois d’accord, avec l’occupation ‘’ illégale’’ de leurs territoires par des troupes étrangères… Sur un fondement en contradiction flagrante avec toutes les conventions internationales en la matière. Le mal est fait et a perduré jusqu’à ce qu’un grain de sable remette tout en question. Les pouvoirs Nigériens de l’époque (les Renaissants) sont, sans échappatoire possible, à condamner. Tout comme les autorités françaises et américaines qui ne peuvent prétendre ignorer ces dites conventions universelles.
L’Oncle Sam, à hue et à dia
Ce serait de l’idéalisme pur que d’essayer de faire croire que les Américains sont au Niger pour nos beaux yeux. Que nenni ! Ils ont des intérêts à préserver au plan géostratégique, cela va sans dire. Et l’un des paramètres essentiels de leur dispositif les oblige à maintenir, vaille que vaille, coûte que coûte, nolens volens, la base US d’Agadez. Dire que celle-ci a servi ou sert uniquement pour la lutte contre l’expansion du terrorisme dans le Sahel, ce serait édulcorer la réalité. Personne, du moins du côté nigérien, ne sait très exactement ce qui se fait réellement dans cette base. Tout ce que l’on peut dire, c’est que les Américains, y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Si au moins, ils savaient comment s’y prendre…
Pourtant, c’est encore Anthony Blinken qui a fait injonction à Bola Tinubu, président de la fédération du Nigéria, de ne pas suivre les va-t’en guerre de la CEDEAO qui voulaient attaquer le Niger. C’est dire que l’Oncle Sam, au vu de ses différentes postures constructives, bénéficie d’une attitude bienveillante de notre pays , et conséquemment, a toutes ses chances de conserver ses espoirs dans le septentrion, en revoyant, de manière moins cavalière, sa copie.
Le maitre-mot de nos dirigeants étant la souveraineté, quiconque , d’une manière ou d’une autre, fait mine de la bafouer se trouvera immanquablement devant des visages hostiles, prêts à en découdre. Cette exigence, n’était pas difficile à intégrer pour un diplomate de carrière. A moins, bien sur, qu’on ne sous estime les Subsahariens, en imaginant qu’ils en sont encore à l’âge du biberon. Ce qui prouverait, a contrario, que c’est nous qui, peut-être, surestimons l’entendement de nos inter locuteurs. Comme l’a dit, tout récemment, le Directeur de publication de votre quotidien sur VOA, Anfani et Canal 3, le Niger n’a aucune propension à vouloir s’isoler de la scène politique mondiale, mais, il doit veiller à ne pas retourner à un statu quo ante cauchemardesque.