Comme vous le savez, les chefs d’État des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé, le 24 février dernier, la levée d’une grande partie des sanctions contre le Niger. Parmi les principales annonces : la réouverture des frontières et de l’espace aérien, les transactions financières entre les pays de la CEDEAO et le Niger de nouveau autorisées, la fin du blocus énergétique.
Dans la foulée de la CEDEAO, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a également levé ses sanctions impliquant notamment le gel des avoirs de l’État du Niger et la suspension des transactions financières en sa faveur. Si ces décisions des deux organisations sous régionales étaient bel et bien prévisibles, les sanctions, elles, ont été contre productives. En effet, même si elles ont durement éprouvé le Niger, où le taux de pauvreté extrême dépasse les 40% selon la Banque mondiale, leur durcissement a plutôt poussé la population à soutenir le pouvoir militaire. Mais un mois après la levée des sanctions, celle-ci a-t-elle eu des impacts positifs sur l’économie nigérienne ? Si les transactions bancaires sont désormais possibles avec les banques étrangères, le versement des salaires dans la fonction publique, lui, accuse encore du retard. Par ailleurs, le Niger n’est toujours pas présent sur le marché des titres publics de la zone UEMOA. La solvabilité du pays n’est-elle pas rétablie ? Ce qui est sûr, le Niger a accumulé 300 milliards de francs CFA de dettes impayées entre le 29 juillet 2023 et le 5 février 2024, limitant considérablement ses capacités d’emprunt sur les marchés. Et chaque défaut de paiement entrainait une hausse des taux d’intérêt, renchérissant encore le service de cette même dette. 80% de cette dette est détenue par des investisseurs régionaux dont pour l’essentiel la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Ce montant de 300 milliards devrait-il être apuré pour que le Niger ait de nouveau accès au marché régional des capitaux ? Une fois que cette dette sera réglée, l’agence de notation Moody’s prévoit de relever la note de crédit du Niger après l’avoir déclassé trois (3) fois en huit mois. Un déclassement continu qui rendait plus difficile tout nouveau financement pour Niamey.
Pour rappel, l’État du Niger recourait régulièrement au marché des titres publics de la zone UEMOA pour financer les dépenses publiques et les opérations de trésorerie. Il avait déjà levé plus de 520 milliards de francs CFA au cours des sept premiers mois de l’année 2023.