Huit mois se sont écoulés depuis que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a pris les rênes du Niger, et le bilan est loin d’être reluisant. Dirigé par le général Abdourahamane Tiani, le CNSP a plongé le pays dans une ère d’incertitudes sans précédent, marquée par des décisions politiques et une orientation géopolitique contestables.
La récente sortie du Niger de la CEDEAO, actée conjointement avec le Mali et le Burkina Faso, est symptomatique de cette gouvernance erratique. Ce geste, loin d’être anodin, a non seulement exacerbé les divisions régionales mais a aussi fragilisé l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Le CNSP, en faisant ce choix, a isolé le Niger sur la scène internationale, ouvrant ainsi un boulevard aux influences externes, notamment de la Russie, de l’Iran et de la Turquie. Ces alliances, à la fois opportunistes et souvent dangereuses, expose le Niger à des risques géopolitiques et économiques considérables.
Le CNSP a également opté pour une ambiguïté déconcertante, en rejetant le cadre politique de la CEDEAO pour s’affranchir de ses contraintes démocratiques, tout en s’accrochant au cadre économique et monétaire de l’UEMOA pour ses bénéfices financiers. Cette démarche cynique révèle un manque de vision à long terme et une inclination pour les bénéfices immédiats, au détriment de la stabilité politique et économique du pays.
Plus alarmant encore est l’absence d’une direction claire et d’un engagement envers une transition démocratique sérieuse. Le CNSP navigue sans cap, sans politique cohérente, et sans plan concret pour l’organisation d’élections, laissant le Niger à la merci des défis sécuritaires et économiques grandissants.
Il est impératif que les dirigeants actuels du pays réévaluent leurs choix et leurs stratégies. Ils doivent considérer les conséquences à long terme de leurs actions pour le pays et sa population. Le Niger, à la croisée des chemins, mérite une gouvernance réfléchie, démocratique et inclusive, non une errance dans les méandres de la géopolitique et des intérêts étrangers. Une question demeure : le CNSP saura-t-il redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard ?