C’est avec une audace salutaire que le ministre d’État de l’Intérieur, Mohamed Toumba, a tracé une ligne dans le sable. Par un message radio, daté du 28 mars 2024, il a instruit de ‘’tous Présidents Conseils Régionaux, tous Présidents Conseils de Ville, tous Présidents Conseils Communaux, tous Présidents Conseils d’Arrondissements Communaux’’, de geler toutes dépenses municipales, à l’exception des salaires. Cette décision, quoi que tardive, est un pas en avant vers la reddition des comptes, un souffle de justice face à un parterre de maires dont l’incompétence et la corruption semblent être la norme plutôt que l’exception.
La patience du peuple nigérien a ses limites, et il semble que celles-ci aient été largement dépassées par l’incurie et la corruption rampante de nos maires : depuis le coup d’État du CNSP du 26 juillet 2023, les maires du régime déchu, majoritairement issus du PNDS-Tarayya et de ses alliés, ont continué à occuper leurs postes. Ces maires, dans leur majorité, au lieu d’être les gardiens de l’intérêt public, se sont révélés comme des prédateurs du bien commun, englués dans des scandales de détournement de deniers publics et de ventes illégales de parcelles. Des rapports accablants de l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale (IGAT) ont éclairé ces abysses de corruption, révélant un tableau où l’intégrité est aussi rare que l’eau dans le désert du Sahara.
La décision de Mohamed Toumba, loin d’être une simple mesure administrative, sonne comme un clairon du bon sens. Elle répond à une soif de justice que le peuple nigérien réclame à grands cris. La plupart de ces maires n’ont été rien de plus que des sangsues sur le corps d’une administration territoriale exsangue, suçant impunément les maigres ressources destinées au développement des collectivités locales.
Espérons que cette action ne soit que le prélude à un nettoyage en profondeur, à une purge nécessaire de tous ces maires qui se sont remplis les poches au détriment du peuple. Les Nigériens, fatigués de promesses non tenues et de gestions calamiteuses, attendent avec impatience que justice soit rendue.
L’exemple doit venir d’en haut, prouvant que nul n’est au-dessus de la loi et que la corruption, sous toutes ses formes, sera poursuivie avec la plus grande rigueur. La décision de Mohamed Toumba peut et doit être le début d’une ère nouvelle pour la gestion de nos collectivités territoriales, une ère où la transparence et la probité ne sont pas de vains mots, mais les piliers d’une gouvernance responsable et respectueuse de ses citoyens. Il est temps de tourner la page de cette ère de corruption municipale et d’écrire un nouveau chapitre, un chapitre de respect pour la loi et pour le peuple.