Dans l’arène politique nigérienne, une étrange passivité semble s’être installée, semblable à un désert où même les vents ont cessé de souffler. Face à la gouvernance du CNSP, la réaction – ou plutôt l’absence de réaction – des politiques du Niger n’est pas seulement décevante, elle est alarmante.
L’histoire nous enseigne que le silence des acteurs politiques dans des moments cruciaux n’est pas simplement une absence de parole ; c’est un acte en soi, qui révèle souvent une complaisance tacite ou une peur paralysante. Les leçons du passé sont claires : l’inaction en période de crise n’est pas une neutralité, c’est une capitulation, une abdication de la responsabilité.
Dans d’autres régions du monde, en Afrique et ailleurs, nous avons vu des partis politiques et des leaders s’élever avec courage contre les abus de pouvoir, les régimes militaires et les injustices. Ils ont souvent payé le prix fort pour leur audace, mais leur lutte a également allumé la flamme de l’espoir et du changement. Au Mali, par exemple, les partis politiques se sont levés pour réclamer la fin de la transition militaire. Leur résistance est un témoignage de leur engagement envers la démocratie et la souveraineté de la volonté populaire.
Au Niger, en revanche, cette flamme semble s’être éteinte. Les partis politiques, qui devraient être les champions du peuple et les gardiens de la démocratie, semblent avoir perdu leur voix au moment où le pays a le plus besoin d’eux. Cette absence de critique, de débat et de défense des principes démocratiques est non seulement une faillite morale mais aussi un signe inquiétant pour l’avenir du pays.
En refusant de parler, en choisissant de rester en retrait, les leaders politiques laissent le champ libre à une autorité militaire qui, malgré ses promesses, pourrait être tentée par la perpétuation de son règne. Leur silence pourrait être interprété comme une acceptation, voire une approbation, des actionssouvent contestables du CNSP.
La question se pose alors : est-ce par crainte de représailles ou par stratégie politique que ces politiques choisissent le silence ? Dans les deux cas, cette approche est profondément problématique. La peur ne devrait jamais être un frein à l’expression politique, surtout dans un pays qui a déjà tant souffert de 12 ans années de gouvernance chaotique de la Renaissance. Si c’est une stratégie, elle est dangereusement myope. La politique, dans sa forme la plus noble, est une lutte pour le bien-être du peuple, pas un jeu de pouvoir pour la survie des élites.
Il est grand temps pour les politiques au Niger de se rappeler que le pouvoir véritable ne réside pas dans les mains des militaires, mais dans la voix du peuple. Cette voix ne peut être amplifiée que si ceux qui sont en position de leader choisissent de parler, de débattre et de se battre pour les droits et libertés de tous les Nigériens.
Le Niger se trouve à la croisée des chemins. Les actions – ou l’inaction – des politiques aujourd’hui détermineront non seulement leur propre héritage mais aussi l’avenir du pays. L’histoire jugera sévèrement ceux qui, en période de crise, ont choisi le silence au lieu de la parole, l’inertie au lieu de l’action. Le rôle des partis ne saurait se limiter à la participation électorale passive ou aux luttes intestines pour le pouvoir. Ils doivent redevenir les porte-voix du peuple, les défenseurs des principes démocratiques et les artisans d’un avenir meilleur.