Par un communiqué diffusé mercredi 11 avril 2024, l’administrateur délégué nouvellement nommé à la tête de la ville Niamey ‘’informe la population que la voie du rond-point 3e pont de Goudel au rond-point Yantala sera interdite à la circulation routière le samedi 13 avril 2024 de 7 heures à 13 heures 30mn précises, sauf aux riverains munis de leurs pièces justificatives, notamment les employés des ambassades et autres services de la zone’’.
Colonel Boubacar Soumana Garantché, qui inaugure son baptême de feu, justifie cette mesure d’interdiction par la manifestation de rue convoquée ce jour-là par la Synergie des organisations de la société civile à Niamey. Il s’agit d’une procession allant de la Place Toumo à la Place de la Concertation où est prévu un meeting pour exiger le départ des bases militaires américaine de notre territoire, suite à la dénonciation de l’accord de défense entre les Etats-Unis d’Amérique et notre pays par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) intervenue depuis le 16 mars dernier. Cette mesure vise, on s’en doute, à prévenir tout risque de débordement des manifestants pour tenter de s’en prendre aux installations de l’Ambassade des Etats-Unis au Niger implantées dans la zone.
Il faut, à tout prix, éviter une récidive des actes de vandalisme ayant visé les enclaves de l’ambassade de France lors des toutes premières manifestations de rue organisées par la société civile à Niamey pour exiger le départ des troupes de la force Barkhane, suite notamment à la révocation des accords de défense liant la France et notre pays.
C’était le 30 juillet 2023 précisément où à l’occasion d’un rassemblement pacifique à la Place de la Concertation, des manifestants en furie ont spontanément décidé de converger à l’ambassade de France pour exprimer leur colère et leur détermination à booster les soldats français de notre pays. Une colère alimentée par le comportement arrogant et insultant de l’ambassadeur Sylvain Itté vis-à-vis des Nigériens. On connaît la suite de ces événements, qui ont occasionné des blessés parmi les manifestants et de graves dommages sur les installations de la Chancellerie française.
L’application de la mesure d’interdiction de la circulation routière sur l’axe en question, samedi 13 avril, donnera à coup sûr lieu au déploiement dans la zone d’un dispositif des forces de l’ordre pour filtrer les usagers et parer à toute éventualité. De ce point de vue, l’initiative du nouvel administrateur délégué est assurément louable.
La dénonciation de l’accord de défense avec les Etats-Unis d’Amérique ne signifie nullement la rupture de toute forme de coopération avec ledit pays, comme le pensent certains concitoyens à la courte vue. C’est juste un volet précis de relations multiformes et fructueuses qui est rompu, en raison notamment de l’illégalité qui a entouré l’établissement del’accord et de son caractère léonin, ne présentant aucun aspect avantageux pour notre pays.
Les autorités de transition doivent donc veiller à la protection de la représentation diplomatique américaine afin d’éviter un pourrissement des relations de coopération, qui n’est guère souhaitable, entre nos deux pays.
Leur principale base sur notre territoire – construite pour servir de centre opérationnel des drones américains – se trouvant à Agadez, cette manifestation de la Synergie à Niamey vise, à l’évidence, à toucher la sensibilité des fonctionnaires de l’ambassade sur la préoccupation.
Depuis l’annonce de la révocation de l’accord, c’est la première fois qu’une manifestation de rue est convoquée par des organisations de la société civile pour tenter de mettre la pression sur les Américains. Se pose, ici, le défi d’une forte mobilisation des citoyens à l’occasion de cette sortie.
Les organisateurs parviendront-ils à relever le défi ? Rien n’est moins sûr dans un contexte de déception grandissante vis-à-vis du CNSP, qui peine à poser les actes de justice sociale forts attendus par les populations.