À première vue, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) semble avoir remporté des victoires significatives, notamment avec le départ des troupes françaises et la levée des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA. Cependant, une analyse plus approfondie révèle une réalité bien plus sombre et moins reluisante, marquée par une série de promesses non tenues et un manque de direction claire. L’échec du CNSP à organiser un dialogue inclusif national, près de neuf mois après avoir renversé le président Mohamed Bazoum, est symptomatique d’une transition qui piétine dangereusement.
En août 2023, le général Abdourahamane Tiani, à la tête du CNSP, promettait la tenue imminente d’un dialogue national inclusif, présenté comme le prélude nécessaire à des réformes profondes, à des élections libres et à la restauration d’un régime civil. Cette consultation devait marquer le début d’une ère nouvelle pour le Niger, ouvrant la voie à une gouvernance équilibrée et réfléchie, incluant militaires, politiques et représentants de la société civile. Or, cette promesse est restée lettre morte, installant les Nigériens dans l’attente de «Godot» et à une incertitude politique qui s’éternise.
La question qui brûle toutes les lèvres est la suivante : pourquoi le CNSP, après avoir pris le pouvoir, n’a-t-il pas progressé vers la réalisation de cet objectif crucial ? La réponse, malheureusement, semble résider dans un mélange de manque de volonté politique, de préparation insuffisante, et peut-être, de motivations moins avouables. Ce retard ne fait pas seulement écho à une inefficacité administrative, il soulève des inquiétudes légitimes sur les intentions réelles du CNSP. La lenteur du processus laisse craindre une volonté délibérée de maintenir le statu quo, une préférence pour la perpétuation du pouvoir militaire au détriment de la volonté populaire.
Le CNSP doit comprendre que la gouvernance ne peut se résumer à des coups d’éclat médiatiques ou à des manœuvres de diversion. Elle requiert un engagement sincère envers la démocratie et le bien-être du peuple. Sans cela, les prétendues victoires du CNSP resteront vides de sens, et l’histoire retiendra cette période comme un chapitre sombre de promesses brisées et d’opportunités manquées pour le Niger. La mise en place d’une Assemblée nationale de transition, représentative et fonctionnelle, n’est pas seulement une nécessité politique, c’est un impératif moral que le CNSP ne peut se permettre d’ignorer plus longtemps, parce que faire cela, c’est risquer de voir notre pays sombrer dans une crise prolongée, où les seuls gagnants seront ceux qui, aujourd’hui, tiennent le pouvoir sans rendre des comptes.