Avec des réserves estimées à 200 000 tonnes, la mine d’uranium d’Imouraren [au sud d’Arlit] est le Graal que poursuivent toutes les firmes exerçant dans ce domaine. Orano, le géant français du nucléaire, a récemment perdu le permis d’exploitation cette mine. « Orano prend acte de la décision des autorités du Niger de retirer à sa filiale Imouraren SA son permis d’exploiter le gisement, et ce malgré la reprise des activités sur site conformément aux attentes qu’elles avaient exprimées », lit-on dans un communiqué publié par le groupe français ce 20 juin 2024.
Le divorce est consommé d’où certainement ce baroud d’honneur d’Orano qui se réserve « le droit de contester la décision de retrait du permis d’exploitation devant les instances judiciaires compétentes, nationales ou internationales ».Orano n’est pas la seule société minière en difficulté au Niger. Comme avec l’entreprise française, Niamey a décrété la mêmesentence pour la société canadienne. Le Niger a retiré au groupe canadien GoviEx (Govi High-Power Exploration) le permis d’exploitation d’un important gisement d’uranium à Madaouéla, près d’Arlit (Nord), a annoncé la société ce 4 juillet. « GoviEx a été informé par le gouvernement de la République du Niger, par une lettre du ministère des mines, qu’il n’a plus de droits sur le périmètre du permis d’exploitation minière de Madaouéla, qui est maintenant dans le domaine public », a annoncé le groupe dans un communiqué. Vers quels partenaires le Niger compte-t-il se tourner pour relancer les activités de Madaouéla et Imouraren ? C’est la question que se posent nombre de citoyens. Ces mines sont d’une grande importance pour notre pays. L’uranium a régulièrement créé des remous dans les relations franco-nigériennes. En 2006, sous la présidence de Mamadou Tandja, une nouvelle loi a porté la redevance à 12 %. Areva a fait la sourde oreille en invoquant la convention minière décennale de 2004, qui en restait à 5,5 %. Areva achetait au Niger le kilogramme d’uranium à 27 300 francs CFA [41 euros], largement en dessous des prix du marché, qui se situent à 122 000 francs CFA le kilo [186 euros]. Ce marché de dupes remonte aux accords de défense de 1961. Ce débat n’est pas encore clos, les négociations sur l’uranium sont toujours ouvertes. Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) va certainement rouvrir ce chapitre. En attendant, les autorités en place se doivent de trouver de nouveaux repreneurs pour les permis d’exploitation de Madaouéla et Imouraren. On s’en doute, Orano et Goviex sont toujours intéressées. Mais à quelles conditions ? C’est au CNSP de poser les nouvelles règles du jeu.