La presse française a fait ses choux gras de l’opération menée par l’armée malienne dans le village de Mourra. « Pendant cinq jours, des soldats maliens et russes ont exécuté des centaines de personnes dans ce village du centre du Mali. La force onusienne, basée à 50 kilomètres, a été incapable d’intervenir », accuse un journal parisien. « Au Mali, l’effroyable massacre de Moura », renchérit un autre. « À Moura, le ‘’carnage indescriptible’’ de l’armée malienne et de ses alliés russes », lit‐on. En brouille avec Bamako, la France, à travers sa puissance médiatique, ne rate aucune occasion pour décrédibiliser et ternir l’image des autorités de la transition malienne. Le pays des ‘’droits de l’Homme’’ oublie son lourd passé de tortionnaire dans ses anciennes colonies. Le 11 mai 1956, sans discernement, l’armée française massacre des dizaines de villageois à Beni Oudjehane dans l’Est algérien. La presse (pro Paris) parle de ‘’rebelles’’ abattus après avoir attaqué des militaires. Cette thèse est démontée par l’historienne Claire Mauss‐Copeaux. Dans un ouvrage publié en 2013, la spécialiste de la guerre d’Algérie (se basant sur des archives et des témoignages) a fait ressortir une réalité tout autre que la version fournie par la France. En 1947, le peuple malgache s’est soulevé contre la domination coloniale française. Cruelle et inhumaine a été la réplique de Paris : « exécutions sommaires, tortures, regroupements forcés, incendies de villages ». À Madagascar, la France a expérimenté une nouvelle technique de guerre ‘’psychologique’’: des suspects sont jetés, vivants, depuis des avions afin de terroriser les villageois dans les régions d’opération, rapporte le journal l’Humanité en 2017. Faut‐il rappeler à la France le massacre qu’elle a commis à Thiaroye ? Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye situé à une quinzaine de kilomètres de Dakar, alors capitale de la Fédération de l’Afrique occidentale française (AOF), quelque 70 tirailleurs ouest‐africains ont été massacrés par l’armée française. C’est bien facile pour la France d’accuser le Mali d’exécutions à Moura. Toutefois, elle ne peut effacer de la mémoire collective les massacres qu’elle a ordonnées en Afrique.