Après son renvoi du Mali, l’opération Barkhane va se redéployer au Niger où elle va se concentrer sur la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où sévit l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), responsable de nombreux massacres de civils et de forces armées locales. Elle sera épaulée par Takuba, essentiellement constituée par des forces spéciales européennes. Pour ce faire, via un document intitulé ‘’Exposé de motifs du projet de texte modifiant et complétant l’axe 1 de la Déclaration de politique générale du Gouvernement’’ en date de mars 2022 et signé par le Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, le gouvernement, comme annoncé, a saisi l’Assemblée nationale pour un vote de confiance des députés nationaux. Il faut dire qu’après le départ des troupes françaises du Mali, Niamey fait figure d’allié privilégié de Paris au Sahel. Et le président de la République, Bazoum Mohamed, n’en a jamais fait mystère. Il a toujours salué l’engagement de la France au Sahel et s’insurgeait contre ceux qui réclament le départ des troupes françaises.
Si à l’Assemblée nationale, dominée par la majorité présidentielle et qui a toujours fait montre d’un déficit de réflexion et de pensée de la plupart des députés, un vote favorable du texte soumis par l’Exécutif ne fait aucun doute. Mais le gouvernement va devoir faire face à la montée dans l’opinion du sentiment anti-français comme au Mali voisin. Un paramètre longtemps sous-évalué, voire ignoré par Paris et les autorités de Niamey pour qui le rejet de la présence française au Niger est limité à quelques activistes et à des populistes financés par Moscou. C’est dire qu’un vote à l’Assemblée nationale ne regalérera pas le ras-le-bol de la présence des troupes étrangères au Niger. La France est donc contrainte de faire profil bas car l’échec de l’opération Barkhane (qui n’est parvenue ni à vaincre les terroristes ni à empêcher la prolifération du terrorisme au Sahel ) et le contexte dans l’environnement sahélien excluent tout déploiement de type ‘’Barkhane’’ axé sur une intervention au sol des troupes. Ne pas en tenir compte, c’est s’exposer à un retour de bâton qui sera d’autant plus sévère, quelque soit l’organigramme d’un redéploiement des troupes pour contenir une insécurité qui ne cesse de s’étendre et qui nourrit toutes sortes de radicalismes.