Aujourd’hui a eu lieu à l’Assemblée nationale le débat suivi de vote sur le redéploiement de Barkhane et Takuba au Niger. Nos députés vont-ils sombrer dans le ridicule comme ils nous ont habitués au regard de l’importance du sujet à l’ordre du jour ? Pour dire la vérité, cela est possible. Tous bords confondus, par moments, les interventions de nos parlementaires faisaient des rase-mottes. On se serait cru au village, sous l’arbre à palabres, tant la rhétorique déployée par les uns et les autres a manqué de rigueur. Nous sommes en droit d’attendre des honorables représentants du peuple des arguments et des contre-arguments réfléchis. Ni donc de la généralisation ou extrapolation abusives, ni de l’argumentum ad hominem (l’argument contre l’homme et non contre ce qu’il dit). Maintes fois, des arguments ont été donnés d’un côté ou de l’autre, et maintes fois, au lieu de contre arguments, certains se complairaient à mettre en exergue les qualités morales du vis-à-vis du genre : “Il a fait ça dans le passé, donc il ne peut pas venir aujourd’hui nous reprocher la même chose !” C’est stupéfiant ! Ce n’est surtout pas ce qui est demandé. La question est : faut-il ou non laisser des troupes étrangères s’installer dans notre pays sans en préciser un délai au nom de la lutte contre le terrorisme au Sahel ? La moralité n’a rien à avoir avec les faits. Ce mode de raisonnement amplement usité à plusieurs reprises dans l’Hémicycle se tenait aux lendemains de nos indépendances et encore face à des populations crédules et incultes. Aujourd’hui, il ne peut pas fonctionner. Grâce aux réseaux sociaux qui ont ouvert des champs nouveaux, le peuple, entretemps, a mûri et sait décoder les codes de la communication politique. C’est une perte de temps évidente de s’entêter à proférer avec emphase des raisonnements infantiles. Il est possible aussi, voire même très probable, que certains des parlementaires aient atteint leur seuil d’incompétence au plan du cheminement discursif et de la rigueur cognitive. Autre hypothèse, mais déplorable celle-là : que des intervenants prennent la parole uniquement pour s’entendre parler. Des débats, au Niger, il y en a eu, à maintes occasions, et très souvent d’une hauteur de vue qui mettait du baume au cœur des auditeurs et téléspectateurs. Les députés nationaux doivent donc relever le défi au regard de l’importance de l’enjeu même si le résultat du vote est connu d’avance.