Dimanche 5 juin 2022. Église St Francis de la ville d’Owo, dans l’Etat d’Ondo au Nigéria. Plusieurs dizaines de fidèles catholiques ont été pris pour cibles par des hommes armés ayant fait irruption dans ce lieu de culte, au cours d’une célébration de la Pentecôte. Au moins une vingtaine de fidèles sont tués. C’est incontestablement l’une des pires attaques terroristes depuis la mort, en mai 2021, d’Abubakar Shekau, leader de la secte islamiste Boko Haram. Les violences à connotation religieuse font désormais partie du quotidien des quelque 200 millions de personnes qui peuplent le Nigéria. Le pays de Muhammadu Buhari est une véritable poudrière. L’intégrisme religieux né dans le Nord cohabite avec les velléités indépendantistes nourries par les Sudistes. Le Mouvement des peuples indigènes du Biafra (IPOB), le parti indépendantiste biafrais, fait de plus en plus de partisans. Pour Abuja, l’IPOB est un groupe terroriste. Arrêté à l’étranger et ramené au Nigeria, le 29 juin 2021, le dirigeant séparatiste Nnamdi Kanu garde toujours prison. Quelques jours plus tard, c’est au tour de Sunday Igboho, engagé pour la création d’une nation « Yoruba », d’être appréhendé par la police en pleine nuit. La tension reste vive dans le sud-est du Nigéria, une situation qui n’est pas sans rappeler le commencement de la guerre du Biafra. Le 30 mai 1967, des généraux de l’ethnie Igbo, troisième communauté du Nigeria avec les Yorubas et les Haoussas, ont alors proclamé l’indépendance de leur province en majorité Chrétiens. À la reddition des insurgés Igbo le 15 janvier 1970, le bilan humain est insoutenable : des millions de morts et de déplacés. Plus de cinq (5) décennies plus tard, doit-on craindre la résurgence de ce conflit exacerbé, cette fois-ci, par des tensions religieuses ? Cette question est d’actualité, pour ainsi dire. Incapable de ramener la paix dans le Nord devenu la cible par excellence des groupes djihadistes, le président Muhammadu Buhari doit surveiller la situation dans le sud-est comme le lait sur le feu. La plus grande économie d’Afrique est sous la menace de conflits religieux et communautaires.