Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la santé mentale de Vladimir Poutine intéresse ses détracteurs. « Parkinson, syndrome d’Asperger, folie, paranoïa, syndrome d’Hubris… », le maître du Kremlin serait atteint par toutes ces pathologies. Peut-on alors dire que Poutine est atteint d’hubris ? « C’est plausible, ça fait longtemps qu’il est au pouvoir et qu’il cherche à le rester, par tous les moyens », affirme Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences. Les experts en ‘’psychologie poutinienne’’ ne chôment pas ces temps-ci. « Certains avancent la solitude qui plombe les autocrates, d’autres estiment qu’il est frappé du syndrome des puissants chez qui plus le pouvoir est important et plus le lien à la réalité est ténu », écrit un média suisse. En vérité, les tenants de toutes ces thèses sont dans la diabolisation, « ou la déshumanisation de l’ennemi, une technique de propagande qui promeut l’idée que l’ennemi est un agresseur menaçant et maléfique avec des objectifs destructeurs ». C’est la technique de propagande la plus ancienne visant à inspirer la haine envers l’ennemi, dit-on. L’on se rappelle qu’au milieu des années 1970, au plus fort de sa dictature, Ahmed Sékou Touré s’est évertué à diaboliser toute une ethnie. Le despote guinéen a inventé la théorie du ‘’complot Peul’’ pour arrêter, torturer et tuer des intellectuels, cadres et entrepreneurs issus de cette communauté. « À chaque dictature, son complot. Chez Staline, ‘’le complot Juif’’. Chez Sékou Touré, ‘’le complot Peul’’. Chez Boumediene, ‘’le complot Berbère’’. Chez Mugabe, ‘’le complot Matabele’’ », rappelle l’écrivain guinéen Tierno Monénembo. Autant il arrive aux dictateurs de ‘’fabriquer’’ leurs ennemis, autant dans le discours médiatico-politique, les tyrans sont souvent décrits sous les traits de monstres, de démons. « Saddam Hussein, Khadafi, Assad, Kim Jong-Un, Poutine sont présentés comme de nouveaux Hitler ou de nouveaux Staline », a dit Pierre Guerlain, universitaire français. Pourtant, ces prétendus démons ont, à un moment de leur règne, été reçus dans les plus grandes capitales européennes et ce, avec honneur. Comme quoi, la frontière entre le ‘’bon’’ et le ‘’mauvais’’ est mince.