Les portes des écoles seront bientôt fermées. Concernant les collèges d’enseignement général, c’est dans quelques jours avec le démarrage des épreuves écrites du BEPC, précisément le mercredi 21 juin prochain. Celles du baccalauréat interviendront en juillet, selon le chronogramme établi par le ministère de l’Education nationale. De nombreux scolaires, qui devaient normalement être de cette compétition 2022, n’ont malheureusement pas cette chance à cause de la fermeture des écoles dans les zones de conflit où sévissent les groupes terroristes. Cette crise sécuritaire, qui perdure depuis plusieurs années aujourd’hui, touche principalement 4 régions du pays, à savoir Diffa, Maradi, Tahoua et Tillabéri. Dans ces 4 régions, elle a contraint les populations des localités affectées à un déplacement forcé, entrainant du coup la fermeture des écoles. C’est une situation très inquiétante car nul ne saura prédire quand la paix et la quiétude reviendront dans ces zones confrontées aux attaques djihadistes. L’ampleur du désastre scolaire transparait à travers ces chiffres fournis par le ministre de l’Education nationale lors de son passage, ce mardi 14 juin 2022, devant les élus nationaux suite à une interpellation du député Idi Ango Ousmane par rapport à la préoccupation. Selon les explications de Pr. Ibrahim Natatou, les effets dévastateurs de la crise sécuritaire dans les régions concernées ne se résument pas uniquement à la fermeture des écoles. Ils touchent aussi d’autres volets notamment ‘’ l’arrêt des missions d’encadrement pédagogique dans certaines écoles suite à l’interdiction de circuler à moto dans les zones affectées, la dérégulation du fonctionnement des écoles et de l’administration scolaire où les horaires d’entrée et de descente sont modifiées, la psychose généralisée qui a fini par démobiliser et démotiver certains enseignants à servir dans ces zones d’insécurité’’. Cela implique que les écoles encore ouvertes dans ces zones tournent en électrons libres, avec une insuffisance d’enseignants pour tenir convenablement les classes et une absence de contrôle périodique permettant de suivre le travail des enseignants en poste. Lorsque les inspecteurs et les conseillers pédagogiques ne peuvent plus s’y rendre par crainte des attaques, nous sommes dans cette situation. La qualité des enseignements dispensés aux enfants prend inévitablement un sérieux coup. Concernant maintenant les écoles fermées et l’effectif des enfants impactés par cette situation, les statistiques déclinées par le ministre sont on ne peut plus effarantes.
Jugez-en !
Selon le ministre de l’Education nationale, les statistiques en matière d’urgence varient d’une période à une autre. ‘’La dernière situation compilée par mes services centraux à partir des données remontées des régions en date du 5 mai 2022, sur 22.997 écoles que compte le Niger, 791 écoles sont fermées dans les 4 régions affectées par l’insécurité, soit un pourcentage de 3,44%’’, a déclaré Natatou. Parmi ces écoles fermées, il a dénombré 759 écoles primaires et 32 établissements d’enseignement secondaire général. Dans la répartition par région qu’il a dressée, Tillabéri vient en tête avec 720 écoles fermées sur 4.055 écoles soit environ 17,75% des écoles que compte la région. Tahoua vient en deuxième position avec 33 écoles, soit 4,17% des écoles fermées à l’échelle nationale, ensuite Diffa avec 27 écoles fermées soit 3,41% des écoles fermées sur le plan national. La région de Maradi, elle, compte 11 écoles fermées soit 1,40%. ‘’L’ensemble des écoles fermées totalise 68.306 élèves dont 33.089 filles soit 48,44%. Ils se répartissent par région comme suit : Tillabéri 62.562 élèves dont 30.568 filles soit un pourcentage de 48,86% ; Tahoua 3.511 élèves dont 1432 filles, soit 40,78% ; Diffa 1.768 élèves dont 83 filles soit 49,94% ; Maradi 465 élèves dont 206 filles, soit 44,30%’’, a-t-il indiqué. Et d’ajouter : ‘’S’agissant des enseignants touchés dans les 4 régions, ils sont au nombre de 2.430. Ces enseignants sont immédiatement redéployés dans les écoles d’accueil de la région et dans les centres de regroupement’’. Ces chiffres montrent comment la crise sécuritaire porte un coup sérieux à l’école. Mais pour ce qui est des mesures prises par le gouvernement pour gérer le problème, à savoir le redéploiement des enseignants et la création des centres de regroupement scolaire, le doute est permis quant à leur effectivité. Ça piétine en tout cas à Ouallam où les premiers centres ont été créés.