Inexplicable pénurie, hausse vertigineuse du prix du gasoil à la pompe, gestion clanique… Mahamane Sani Mahamadou Issoufou ne serait-il pas en train de procéder à une reconduction des déviances et à une amplification des tares autour de l’exploitation du pétrole nigérien ?
Manque de clarté
« Le Niger, qui importe jusqu’ici du pétrole, va désormais s’auto suffire en matière de consommation intérieure, jusqu’à en exporter », a laissé entendre Issoufou Mahamadou à l’inauguration de la raffinerie de Zinder (SORAZ) le 28 novembre 2011. Cette cérémonie a été le top départ d’une activité très vite noyée dans l’opacité la plus totale. Le régime d’Issoufou Mahamadou s’est montré pour le moins cachotier dans la gestion des ressources naturelles à telle enseigne qu’en octobre 2017, notre pays a été suspendu de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) pour « non-respect des exigences de l’ITIE en matière de divulgation des contrats, de publication des données sur les versements infranationaux au profit des collectivités territoriales des régions extractives. » Ce manque profond de clarté a caractérisé l’exploitation pétrolière tout au long des deux mandats d’Issoufou Mahamadou. En juin 2020, l’opposition parlementaire a sollicité une enquête parlementaire sur la gestion du pétrole afin de faire la lumière sur ce secteur. Cette démarche n’a pas prospéré, le régime d’Issoufou Mahamadou s’y est fermement opposé.
Inexplicable pénurie
Pendant 10 ans, Issoufou Mahamadou a eu la haute main sur toute la chaîne pétrolière de notre pays via son homme lige en la personne de Foumakoye Gado. En quittant le pouvoir, l’ancien président de la République s’est arrangé pour confier le ministère du Pétrole à son fils. Depuis avril 2021, Mahamane Sani Mahamadou Issoufou dit Abba règne sur les puits de pétrole d’Agadem. ‘’Le puissant ministre du Pétrole’’ (comme le surnomment certains), n’est-il pas en train de perpétuer les habitudes mafieuses héritées du régime de son père ? Les nominations de complaisance continuent en tout cas de plus belle. Entre actes de népotisme et gestion opaque, il y a lieu de s’interroger sur les compétences de Sani Issoufou à diriger le ministère du Pétrole. Pour la première fois depuis 2011, une pénurie durable frappe le secteur des hydrocarbures de notre pays notamment en ce qui concerne le gasoil. Depuis bientôt deux mois, ce carburant se raréfie dans les stations-services. « Pour sécuriser la consommation nationale, depuis le 03 mai 2022, l’exportation du gasoil a été réduite de 75% et des mesures ont été prises par la SONIDEP et la SORAZ pour préserver et renforcer le stock national de sécurité », lit-on dans un communiqué conjoint publié le 1er juin 2022 par le ministère du Commerce et celui du Pétrole. De toute évidence, cette démarche de Sani Issoufou est inopérante, le prix du gasoil est même monté en flèche.
Une nomination imméritée ?
Il est clair que les premiers pas du fils d’Issoufou Mahamadou en tant que ministre ne sont pas fameux, c’est le moins qu’on puisse dire. Son bilan jusqu’ici à la tête du ministère du Pétrole est mitigé voire très contesté. Bazoum Mohamed, sans doute par devoir de gratitude envers son mentor, a propulsé Abba dans un fauteuil beaucoup trop grand pour lui. N’est-il pas temps d’arrêter les dégâts ? Le président de la République doit réfléchir à cette question avant que les choses ne s’empirent. Le département du Pétrole est beaucoup trop stratégique pour le laisser entre les mains inexpérimentées de Sani Issoufou.