Magouilles et renvois d’ascenseurs, remontées d’informations susceptibles d’intéresser les gouvernants, traitements complaisants de dossiers sont, entre autres, les pratiques qui renvoient l’image d’une justice nigérienne à la dérive, pilier pourtant important de la démocratie. Malgré les professions de foi du président de la République, se tenant faussement à distance des affaires de justice, il est en vérité un habile manœuvrier informé de tout et au fait de toutes les nominations. La preuve a été donnée lors de la dernière réunion du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) tenue le jeudi 4 août, au cours de laquelle sa volonté a primé sur certaines nominations et affectations de magistrats. Un CSM également au cours duquel le ministre de la Justice a échoué à faire passer son projet de création d’un deuxième Tribunal de Grande Instance à Niamey et à faire remplacer le Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey, dévoilant ainsi les arrière-cuisines de la Chancellerie.
On le constate chaque jour : au Niger, la justice n’est pas totalement indépendante du fait du cordon empoisonné qui lie l’appareil judiciaire au pouvoir exécutif. Et cela pose problème. Comment pallier à cette situation ? Comment rendre la justice indépendante du pouvoir exécutif ? Sortir la justice du politique afin d’avoir un vrai pouvoir judiciaire, indépendant et responsable, digne d’un pays qui se veut une démocratie exemplaire ?
Un bouleversement du système judiciaire au Niger est en tous les cas une nécessité et une urgence absolue. Le positionnement institutionnel de la Justice doit changer afin que placé aux côtés du gouvernement et du Parlement, le pouvoir judiciaire puisse s’affranchir de l’Exécutif. Dans le même ordre d’idées, les prérogatives du CSM doivent changer afin qu’il procède lui-même aux nominations et affectations des magistrats du siège et du parquet pour éviter le syndrome de ‘’la carotte et le bâton’’. D’autres innovations qui seraient neutres, objectives et impartiales pour une justice indépendante et impartiale au Niger seraient également les bienvenues. Reste à savoir si Bazoum Mohamed, qui se veut le chantre d’une justice indépendante (sans trop y croire), osera s’inspirer de ces propositions bien audacieuses pour le régime de la Renaissance plus enclin à avoir une justice à sa botte depuis plus de dix (10) ans.