Que peut-on faire avec moins de 2 euros par jour ? Une telle somme ne peut combler ne serait-ce que les besoins nutritionnels quotidiens d’un adulte même dans nos pays où les denrées alimentaires de base sont relativement à bon prix. Pourtant, l’écrasante majorité des Nigériens vit avec moins de 2 euros par jour. C’est cela la réalité. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », elle est belle cette disposition de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Dans les faits, l’égalité (à tous les niveaux) est loin d’être parfaite entre les hommes qui peuplent notre planète. C’est peu de le dire, il existe une énorme disparité entre les continents. Autant l’Occident surfe sur des progrès inouïs (dans tous les domaines), autant l’Afrique est perpétuellement plongée dans des difficultés en tout genre. Toutes les études le montrent, la dissimilitude des niveaux de vie est nettement plus prononcée sous nos tropiques. En Afrique, plus que partout ailleurs dans le monde, la stratification sociale est trop visible.
Dans son roman ‘’Ville cruelle’’, publié en 1954, Mongo Béti parle d’une réalité toujours vivace dans nos pays. L’auteur y décrit la coexistence de deux mondes dans une même ville : Tanga Sud (quartier des colons et quelques ‘’évolués’’ noirs) et Tanga Nord où vivent les indigènes dans une misère crasse. Cette topographie sociale de l’Afrique coloniale est plus que jamais d’actualité. Qu’on se le dise, l’égalité des chances est un mirage, une rengaine éculée sans cesse présente dans les discours politiques. Longtemps considérée comme l’ascenseur social par excellence, l’école offre de moins en moins la même chance à tous les enfants d’une même nation. Autant la redistribution des richesses est biaisée, autant nos systèmes éducatifs accentuent les différences sociales au fil du temps. Les disparités n’ont jamais été aussi fortes en Afrique qu’en ces années dites d’ouverture démocratique. Les nouveaux riches (principalement les politiciens et leurs courtisans) tirent la couverture à eux. Du coup, les rangs des laissés-pour-compte ne cessent de grossir d’année en année.