« Le protocole Hamadou »
Hamadou Adamou Souley ne brille pas par ses qualités de ‘’premier flic du Niger’’, c’est le moins qu’on puisse dire. On l’a vu pédaler dans la semoule au plus fort de la contestation populaire née de la tuerie de Téra survenue le 27 novembre 2021. On s’en souvient, le ministre de l’Intérieur a fait une lecture totalement biaisée de ce drame : « Il y a des gens qui veulent instrumentaliser cette situation et nous savons pour qui ils sont en train de le faire (…) Nous avons suivi sur les réseaux sociaux des gens de la diaspora [et à l’intérieur du pays] qui ont instrumentalisé les jeunes de Téra à sortir (…) », a-t-il déclaré. Sans le dire ouvertement, Hamadou Adamou Souley a accusé les militants de l’opposition d’être les ferments de cette colère. À défaut de s’élever à la hauteur de ses fonctions, le ministre de l’Intérieur rejoint le club de ceux qui attribuent des marchés publics par entente directe.
Agimexco rafle tout
Nous le rapportions dans notre parution du 22 novembre 2021 (L’Enquêteur n°2649), les autorités en place ont passé une commande portant sur la fourniture de ‘’matériels roulants sécurisés’’ au profit de la Présidence de la République. D’un montant de 1,369 milliard FCFA HT, Hors Douane (HD), ce marché a été attribué à l’entreprise Agimexco-Niger par entente directe sans mise en concurrence préalable. La même société a bénéficié en juillet 2021 par entente directe au ministère de l’Intérieur d’une commande de 1,174 milliard FCFA HT, Hors Douane (HD) pour la fourniture cette fois-ci de 42 Toyota pickup pour le compte des Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Au mois d’avril 2022, Agimexco a livré au Ministère de l’Intérieur toujours 5 véhicules blindés au profit de la Garde nationale du Niger pour un montant de 395 millions FCFA HT et Hors Douane (HD). Il y a nécessité d’équiper nos Forces de Défense et de Sécurité, cela ne fait aucun doute. Faut-il pour autant recourir systématiquement aux ententes directes ? Certainement pas. On le sait, les procédures par entente directe sont un terreau fertile pour les pratiques corruptives. Il faut respecter le principe d’égalité des soumissionnaires afin de permettre à l’État d’opérer les choix qui l’avantagent le plus. Mais Hamadou Adamou Souley se soucie-t-il de l’utilisation à bon escient des deniers publics ? Une chose est sûre, Agimexco-Niger semble être dans les bonnes grâces du ministère de l’Intérieur.
La folle spirale « La corruption prend diverses formes : pots-de-vin, surfacturations, dépenses inopportunes, commandes fictives, commandes partiellement livrées […] », a rappelé Bazoum Mohamed dans son discours d’investiture. Quelque 16 mois plus tard, ces tares continuent de rythmer la gestion des affaires publiques au Niger. Où sont passés les serments du chef de l’État ? N’a-t-il pas pris l’engagement de tordre le cou à la mauvaise gouvernance ? N’a-t-il pas juré de faire de la transparence le socle de son quinquennat ? Il est temps que Bazoum Mohamed arrête la folle spirale des marchés publics par entente directe devenue aujourd’hui une pratique courante de son gouvernement. Les deniers publics en ont trop souffert. Affaire à suivre…